La rédaction Christine Plantec
Articles
Point aveugle
Fidèlement arrimé à ses obsessions, Pascal Quignard revient sur la question du sexuel. Entre rêveries, mythes et réflexions, le miroir tendu est merveilleux.
Mais arrêtez de parler de cela ! Arrêtez d’évoquer l’étreinte fabuleuse ! Arrêtez de ressasser l’imagination, l’hallucination, le rêve que l’on fait d’elle » enjoignent, repus comme des outres, les amis de l’auteur comme s’il suffisait de se taire ou de fermer les yeux pour que cessent les images originaires, sidérantes, dérangeantes. Si de livre en livre, le ressassement du sexuel est pour Pascal Quignard la source, c’est peut-être que sous l’apparente compulsivité morbide de la répétition, se loge à la fois un cap, une boussole et un refuge. Le sexuel, la scène brûlante d’où nous venons...
La grande peur dans la montagne
Deux sœurs se retrouvent à l‘ombre du glacier de leur enfance, ou comment déployer une dystopie écologique sur fond de gémellité menaçante.
Entre 2015 et 2018, dans sa Trilogie des rives, Emmanuelle Pagano dévidait l’écheveau d’une fiction autobiographique au rythme d’une eau dévalant des plateaux aveyronnais jusqu’aux terres rouges du lac du Salagou dont l’édification d’un barrage en 1969 (année de naissance de l’autrice) avait englouti les vignes de son grand-père. L’ultime volet de cet ensemble romanesque s’achevait par le...
L’outremonde d’Antoine Volodine
Ou une pierre de plus à l’édifice post-exotique, entre différence et répétition, le droit et le plaisir de dire encore.
Après la forêt vierge dans Le Nom des singes (1994), la péninsule chinoise de Macau (Le Port intérieur, 1999), la ville imaginaire d’Oulang-Oulane (Songes de Mevlido, 2007) ou encore le kolkhoze sibérien de Terminus radieux (2014), c’est au cœur de l’immensité concentrationnaire d’une cité psychiatrique que se déploie Les Filles de Monroe. Univers post-apocalyptique où se côtoient des vivants...
Vies des formes
Le dédale théorique est vertigineux concernant le style littéraire et son évolution. Gilles Philippe, avec conviction, avance dans la pluralité des causes et des temporalités.
S’interroger sur ce qu’est le style est une gageure. Mais s’interroger sur les raisons pour lesquelles le style change est de l’ordre du défi intenable. C’est pourtant celui que relève le professeur de linguistique Gilles Philippe dans son dernier ouvrage et l’investigation qu’il y mène est stimulante.
Le style change, mais pourquoi ? Entre ceux qui considèrent qu’une « pratique...
La moindre des choses
La poésie de Jean-Louis Giovannoni, en apparence minimaliste et distanciée, expose la brèche par laquelle le sujet, à chaque instant, se risque.
Le visage volé est un petit livre de 16 pages, aux dimensions modestes, imprimé sur un papier qui laisse passer la lumière. C’est le premier ouvrage des Éditions Unes, réalisé sur une presse typographique manuelle par leur fondateur Jean-Pierre Sintive (disparu cette année), nous sommes en 1981 ». C’est par ces mots que commence la préface de celui qui dirige cette maison d’édition depuis...