La rédaction Christine Plantec
Articles
Point aveugle
Fidèlement arrimé à ses obsessions, Pascal Quignard revient sur la question du sexuel. Entre rêveries, mythes et réflexions, le miroir tendu est merveilleux.
Mais arrêtez de parler de cela ! Arrêtez d’évoquer l’étreinte fabuleuse ! Arrêtez de ressasser l’imagination, l’hallucination, le rêve que l’on fait d’elle » enjoignent, repus comme des outres, les amis de l’auteur comme s’il suffisait de se taire ou de fermer les yeux pour que cessent les images originaires, sidérantes, dérangeantes. Si de livre en livre, le ressassement du sexuel est pour Pascal Quignard la source, c’est peut-être que sous l’apparente compulsivité morbide de la répétition, se loge à la fois un cap, une boussole et un refuge. Le sexuel, la scène brûlante d’où nous venons...
Les trois chambres
Alors que Sereine Berlottier est au chevet de sa mère mourante, Franz Kafka s’invite auprès d’elle, dans ce temps suspendu de l’attente anxieuse.
Avec Kafka, cœur intranquille, neuvième opus de Sereine Berlottier, est le lieu d’un tremblement tel que la vie frémit, palpite et s’amenuise. Et la peur, bien sûr se fait jour, celle de Kafka qui en fut pétri, celle de la narratrice qui tente de l’éloigner face à l’imminence de la mort de sa mère, celle d’un récit qui, dans un petit carnet vert, avance par fragments, petits bouts de phrases,...
Connecte-toi toi-même
Lorsque la linguistique et les neurosciences explorent expérimentalement ce dont la littérature avait l’intuition vis-à-vis du monologue intérieur, ce courant de conscience fascinant et complexe.
Le Mystère des voix intérieures est un livre passionnant et bien que le titre fasse davantage penser aux romans de Gaston Leroux ou d’Agatha Christie, c’est à un essai sur le monologue intérieur, très fouillé et remarquablement stimulant, qu’Hélène Loevenbruck se consacre.
Sous la plume et le microscope de la linguiste et directrice de recherche d’un laboratoire de psychologie et de...
Usages des livres, usages du monde
Marielle Macé analyse l’expérience de la lecture comme forme de vie, non pas en son cœur mais dans son cours, prise dans les mailles de ses forces vives.
Actuellement résidente à la Villa Médicis, Marielle Macé y réalise « un projet d’enquête et d’écriture, intitulé La vie poreuse, consistant à prendre autour de Rome le pouls du fleuve et des vies qui s’y frottent » (site de l’Académie de France à Rome). Une autre manière de faire l’expérience de ce qui se passe lorsque deux milieux hétérogènes (l’un naturel, l’autre littéraire) font jonction...
Conjurer la peur
Ou comment un roman parvient à approcher l’une des figures les plus fascinantes du XXe siècle, l’historien de l’art Aby Warburg.
Il arrive qu’en dépit de la distance qui les sépare, deux corps soient ramenés sur un même plan d’existence. » Marie de Quatrebarbes remarque que, chaque soir, vers la fin de sa vie, Aby Warburg s’endort face à un portrait de Nietzsche qu’il a acquis. Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés mais l’un et l’autre ont fait l’épreuve de la folie et n’ont cessé, malgré l’effondrement...