La rédaction Emmanuel Laugier
Articles
Un livre
Allez le dire à l’empereur
de
Pierluigi Cappello
Un couteau dans la vallée
Avec Allez le dire à l’empereur, Pierluigi Cappello (1967-2017) nous donne à entendre l’usure et l’endurance d’un siècle fissuré par les blessures.
Pierluigi Cappello a 16 ans lorsqu’il accompagne un ami sur sa moto, comme tout adolescent gagne un peu de liberté grâce à ces machines dans ces vallées peu desservies du Frioul (ici celle de la province d’Udine). Pour quelques minutes, sa vie basculant sur cette route qui se coupe d’un coup comme un couteau pour eux deux. Son ami en meurt, lui se retrouve paraplégique. La lecture est vite pour lui un véritable tourbillon par quoi la sensibilité se densifie : à 12 ans La Chanson de Roland lui révèle sa précoce vocation de « sognatore » (rêveur) ; plus tard, à la fourche de deux branches...
Un livre
Comme des pas qui s’éloignent
de
Alain Freixe
A l’ombre du frêne
Né en 1946, face au Canigou, dans la tramontane du pays catalan, Alain Freixe aime à musarder, comme il aime à le dire, entre poésie et philosophie. C’est dans ce Partage orphelin (G. Chambelland, 1981), selon le titre de son très fort premier livre de poèmes, que cet homme avance, interrogeant le ravage des lieux de vie.
Une impatience que François Bon révélait bien dans son essai du même...
L’entretien infini
Avec "endquote", le poète Yves di Manno publie le troisième volume de ses digressions. Neuf ans de réflexions sur la vie de la poésie.
La poésie, d’après la citation tirée de l’Internationale situationniste N°8 (1963) qui ouvre « endquote », métaphoriquement « fin de citation », serait le seul lieu où subsiste l’idée de « la totalité de la révolution ». La phrase frappe un peu comme un slogan, du moins comme une visée, une tâche. Elle assigne un devenir à la poésie, et la pense comme ce qui est bien le lieu d’un devenir...
Un livre
Blanc sur noir
de
Jean-Christophe Bailly
Blanc sur noir
Le poème Blanc sur noir de Jean-Christophe Bailly, écrivain et essayiste, s’étire, verticalement, sur 12 pages. Celui-ci ne saurait pourtant être un amuse-bouche. Blanc sur noir est tel quel un poème d’insomnie écrit d’une traite. Faisant écho à « L’homme poursuit noir sur blanc » de Celan, inversant les deux derniers termes, ce poème s’ouvre d’abord sur des images de neige et de charbon,...
Deguy vivant
Gisants montre que le poète travaille depuis trente ans à « mettre ensemble des choses qui n’ont pas été mises ensemble ». Fulgurant.
Il n’est pas rare de voir Michel Deguy traverser la place Saint-Sulpice à Paris, là où trois jours du mois de juin donnent à la poésie son marché. Né en 1930 à Paris, professeur de philosophie, voilà plus de trente ans que cet homme lui consacre les sept jours de chaque semaine de sa vie, qu’il s’agisse de veiller aux numéros de la revue Po&sie (Belin), de traduire -de Heidegger (Approche de...