La rédaction Guillaume Contré
Articles
L'invention d'une poésie
La poésie française, même déplacée au plus improbable des endroits, n’en finit pas de faire des étincelles. La preuve dans ce guide inattendu.
Le titre annonce la couleur, celle d’une surprise : La Poésie française de Singapour, vraiment ? N’aurait-on pas lu trop vite ? Ne s’agiterait-il pas plutôt de la poésie française du Mercantour ? Pas du tout, c’est bien de Singapour qu’il est question, un endroit où la langue française brille le plus souvent par son absence, et plus encore lorsqu’elle est poétique. Mais si l’autrice, Claire Tching, nous l’affirme, nous ne demandons qu’à la croire. Ou pas, car ce patronyme nous inquiète quand même un peu : de Tching à Tchang, il n’y a qu’un pas et l’Asie, certainement, mérite mieux que cet...
Dans les labyrinthes opiacés
Nouvelle plongée dans l’univers de César Aira où la littérature est un artifice mouvant, un exercice onirique et théorique aux miroirs déformants.
Si la fantaisie, l’invention frénétique et le caprice semblent servir de colonne vertébrale cubiste aux fictions que produit sans discontinuer César Aira, son œuvre est aussi une constante réflexion sur l’écriture, ses apories et ses chausse-trappes. La péripétie, un héritage du roman d’aventures que cet admirateur de Stevenson ne saurait renier, ne lui sert pas qu’à concevoir des situations...
La mort en goguette
La réédition de ce roman de Stevenson, dans lequel un mort refuse avec insistance de l’être, rappelle que l’auteur de L’Île au trésor avait aussi le don du comique.
Au fil de ses diverses éditions et traductions, The wrong box, roman peu connu de Stevenson – l’un des trois qu’il aura écrit en collaboration avec son beau-fils Lloyd Osbourne, lequel officiait davantage en fournisseur d’idées – aura été affublé depuis sa parution outre-Manche en 1889 de titres français toujours changeants : Un mort encombrant, Un mort en pleine forme ou encore Le Grand...
La réalité et son double
En une poignée de pages, le Tchèque Karel Pecka dresse un portrait touchant de deux êtres pris dans les rouages de l’absurdité étatique.
On liquidait l’opération de pom-page » : deux types sont employés à pomper l’eau des marais dans un coin glacial de la Bohême, sur les rives de la Kamenice. Le thermomètre tourne autour du zéro, on patauge dans la boue et la neige, il faut aller relever régulièrement les niveaux des différentes pompes et supporter ce pénible train-train sans trop faire d’histoires. Tant bien que mal, Macek et...
Une simplicité sans fin
Dans une langue brute en équilibre délicat, la poésie d’Arno Calleja offre un curieux traité des sensations et redonne au lyrisme sa matérialité.
Cacher, si l’on peut dire, un recueil de poésie derrière un titre aussi simple qu’Un titre simple ne saurait être une opération aussi simple qu’elle en a – justement – l’air. Ce titre en forme de pied de nez ou de pas de côté, comme s’il occupait l’espace d’un titre en devenir constant plutôt que titre à venir (puisque déjà présent dans son absence suggestive), semble vouloir nous dire...