La rédaction Guillaume Contré
Articles
Au seuil des images
Lyrique et habitée, la poésie du Cubain José Triana est une chambre aux échos ciselés qui convoque l’enfance et l’étonnement des sensations dans cette remarquable anthologie.
Définir un auteur revient à trancher dans le vif de sa parole », dit dans sa préface la traductrice Alexandra Carrasco, également responsable du choix des poèmes rassemblés dans cette anthologie bilingue – survolant avec générosité une quinzaine de recueils – du Cubain José Triana (1931-2018), qui fut également un dramaturge renommé et souffrit, comme tant d’autres, les aléas politiques de son île natale. D’abord exilé en Espagne pour fuir la dictature de Batista, il connut ensuite l’ostracisme sous le régime castriste avant de s’installer en France.
Proche d’écrivains comme Virgilio...
Dans la cour des miracles
La traduction tardive d’un des chefs-d’œuvre de Juan Rodolfo Wilcock est l’occasion de réévaluer l’importance de cet ironiste subtil, dont l’univers fantasque et inventif est aussi cruel que terriblement humain.
Commençons par enfoncer une porte ouverte (et qu’importe si, en réalité, elle est fermée à double tour) : Juan Rodolfo Wilcock pourrait bien être le prototype même de l’écrivain contrebandier. Écrivain secret, mais certainement pas maudit (le terme servirait plutôt à qualifier certains de ses personnages difformes, toujours prêts à scier consciencieusement la branche sur laquelle, tant bien...
Petit enfer de Turin, de Guido Ceronetti
Je ne pourrais prétendre qu’à un seul titre : celui de Piéton de Turin », affirme Guido Ceronetti en se souvenant (forcément) de Léon-Paul Fargue. Il pratique la flânerie (en français dans le texte, forcément) « pour le plaisir de marcher », mais aussi celui « de piller des maisons, des fenêtres, des dépôts invisibles de sensations ». Il est un peu un collecteur de ruines, aimant en tout cas...
Énigmes passées à l’acide
Cette collection de courts textes policiers est l’occasion de découvrir en français une facette moins connue de Roberto Arlt ; l’occasion également de retrouver son écriture libre et pleine de gouaille.
Le lecteur français commence à bien connaître Roberto Arlt, l’autre grand écrivain argentin, sorte de pendant d’un Borges dont il se situait esthétiquement aux antipodes tout en lui servant de complément idéal. Les rééditions de ses grands romans (Les Sept fous, Les Lance-flammes) y auront contribué, ainsi que les traductions tardives de ses impeccables eaux-fortes, chroniques journalistiques...
Surimpressions fractales
Dans un récit fragmentaire et paradoxalement exhaustif, Pierre Barrault tente d’épuiser les possibilités poétiques et métaphysiques de l’absurde.
Dans ce livre réjouissant, plein de surprises jamais vaines, qui fait de l’humour une arme létale contre le cliché, la couleur est vite annoncée (elle n’en mute pas moins constamment). Dès la première scène, par exemple, où les personnages franchissent un mur sans même l’avoir vu (s’ils en avaient remarqué l’existence, tout eût sans doute été fort différent). Ou, sans aller plus loin, dès le...