La rédaction Ludovic Bablon
Articles
L'âme à fleur de peau
Pour Daniel Keene, un poème est « la première pression à froid de l’existence. » Ses courtes pièces, elles, sont des essences rares.
Daniel Keene est australien. Né en 1955, il écrit pour le théâtre (il a également été acteur et metteur en scène), le cinéma et la radio. Un premier recueil de pièces courtes, véritables petits bijoux, avait été publié par Théâtrales en 2001. Un deuxième volume de quatorze nouvelles pièces courtes est aujourd’hui disponible qui confirme, si besoin était, que Daniel Keene est l’un des auteurs majeurs d’aujourd’hui. Sa singularité continue de nous surprendre et de nous troubler. C’est étonnant qu’en si peu de pages, le lecteur soit happé par chacune des quatorze propositions. L’auteur...
Un livre
Tissage N°1
Jean-Charles Boilevin, Véronique Marchais, Yan Froment, Martin Page, Julien Bidoret, etc.
Tissage
Programmatique, ce premier numéro s’ouvre sur une déclaration commune un peu confuse qui définit le projet de Mètis, l’association qui édite cette trimestrielle : métisser et ruser. Cela a-t-il un sens, c’est une autre question, en attendant, le thème-titre est « murs de passage », et ce paradoxe nous vaut quelques belles contributions. Jean-Charles Boilevin, le premier à broder sur cette...
Un livre
Le Massacre du printemps (et CD)
de
Jean-Pierre Bobillot
Le Massacre du printemps
Apparemment, la poésie de Bobillot s’arrête là où commence le goût. Sous une couv’ très jolie, un ramassis de truismes à prendre comme poème précède une éructation informe, que suit la répétition absurde de quatre mots. Déjà moitié du livre, et cinquante tirets décident de ponctuer un autre charabia, en anglais. Courage, voici les deux tiers : sur huit pages, Bobillot en interview, explique...
Un livre
U.S.A.
de
John Dos Passos
Destins de l’Amérique
Composition brillante, écriture sobre et audacieuse, distance et engagement, tout contribue à faire de U.S.A., volume qui réunit trois romans fondateurs de John Dos Passos, un monument du XXe siècle. Incontournable.
Ils partent tous. Mac. Janey. James Ward Moorehouse. Charley Anderson. Eleanor Stoddard. Ils connaissent des échecs massifs, ils manquent des trains et s’ennuient sur des yachts. Ils se saoulent pendant trente ans, ratent leurs mariages, s’endorment aux somnifères seulement. Un présent narratif permanent les saisit à la gorge, les met en lumière, puis les bascule dans l’ombre, sans un égard....
Un livre
Lettres de commande à un architecte, à un stratège d’apocalypse, aux graphistes…
de
Jacques Moussempès
Lettres aux Anges
La lettre est le plus beau des genres, surtout quand elle a si peu de destinataire. Artaud s’y était déjà illustré, en s’adressant au pape, à Jacques Rivière, au recteur des Universités, au Dalaï-lama et à Génica Athanasiou sa femme. Moussempès (1931-1981), lui, prétend écrire « à un stratège d’apocalypse, aux graphistes et aux chirurgiens », mais personne n’est dupe : la lettre...
Médiatocs – chronique
Au milieu suinte une rivière
Avec les mauvaises recettes du roman de terroir, on a de quoi écrire beaucoup de mauvais romans. Christian Signol en a bâclé un au hasard.
C’est l’histoire… de… trois enfants, et de leurs par… Non, disons-le plutôt ainsi : comme l’indique sa première phrase « Nous étions trois enfants libres et sauvages, heureux comme on l’est à cet âge, dans l’aube sans fin de nos vies », dès le départ La Grande Île est un texte atone. Il tergiversera 230 pages pour nous présenter maximum dix éléments. D’abord, le lieu : rural, près d’une rivière, en Dordogne ; le moment : aux alentours d’une Seconde Guerre mondiale qui ne marmonnera son nom que très sourdement sur quelques pages ; cinq personnages fixes (la famille), plus deux faire-valoir...
Bouz de Moix
L’idée du roman : Mohammed Atta s’est jeté contre les tours parce qu’il manquait de sexe. Ce n’est pas une idée ? Pas grave, ce n’est pas non plus un roman.
On ne peut pas rendre compte de ce livre en faisant comme si on y était entré, comme si on l’avait vécu ; on n’y vit rien, que les artifices de conception habituels du roman de masse. L’auteur a d’abord sélectionné deux grands centres d’intérêt médiatiques et mondains : les nouvelles sexualités, sur le mode du sordide le plus gras, jusqu’à la couenne ; et le terrorisme musulman, via la figure...
Une auteure du dimanche
Femme bafouée, bourreau des cœurs, champ de roses dilué dans un Atlantique de larmes, Christine Orban donne son 13e roman d’avant-garde. Le talent a encore pleuré !.
Quand il découvre le titre du livre : La Mélancolie du dimanche ; le titre du prologue : Dimanche ; la première phrase : Nous étions dimanche ; le titre de la première partie : « Les dimanches sont de longues nuits », disait ma grand-mère ; le titre du premier chapitre : Une lettre un dimanche ? ; puis quand il en a terminé avec cette hallucinante exposition, le lecteur le moins averti a déjà...
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