La rédaction Marc Blanchet
Articles
Un éditeur
Les polyphonies du Capucin
Installée dans le Gers, Catherine Coustols, 57 ans, a imposé depuis 1998 un catalogue original aux maquettes somptueuses où se mêlent la poésie et la prose, l’art et l’histoire littéraire, avec en point d’orgue la réédition de l’œuvre d’Armel Guerne.
Qu’il s’agisse de la collection petit format rouge, de publications de la dite « blanche » avec ses grands caractères et son encre bleue ou de la série des Correspondances, les livres des éditions Le Capucin séduisent de suite par la qualité de leur réalisation. Peu nombreux sont en effet les éditeurs qui donnent la nette impression d’avoir « inventé » quelque chose en matière de mise en page. Inventer, c’est-à-dire hériter d’une certaine tradition du livre et de la typographie tout en apportant des perspectives, des audaces, des tentatives nouvelles. En découvrant les parutions du...
Un livre
Le dandy dantesque
Feu d’artifice ? Dynamite ? Avec Comme au commencement, Olivier Apert crée un véritable bataillon pyrotechnique dans la poésie française.
Au dos du livre, comme un ultime clin d’œil, mais aussi un rappel à l’incendie violent libéré par ces poèmes : un démon s’arrachant la tête. Nous ne sommes pas bien loin de l’acéphalité, à sentir le monde hors d’un cerveau palpable, à nous y promener dans une attitude nouvelle, folle aux yeux des autres. Et ce sont bien avec d’autres yeux qu’il faut lire cette poésie inhabituelle, un autre...
Un livre
Lettres d’une immortelle
Aux traductions récentes de la poétesse américaine Émily Dickinson manquait l’autre pan fabuleux de son écriture : la correspondance.
Cher ami. Une lettre me donne toujours l’impression de l’immortalité parce qu’elle est l’esprit seul sans ami corporel. Tributaire dans la parole de l’attitude et de l’accent, il semble y avoir dans la pensée une force spectrale qui marche seule -Je voudrais vous remercier de votre grande bonté mais n’essaie jamais de soulever les mots qui vous échappent. »
Datée de juin 1869, cette lettre...
Des livres
Vainqueur par cahot
Bernard Manciet jeune poète, Manciet jeune nouvelliste… dans ces deux domaines, le Gascon se révèle encore comme un écrivain majeur.
Il faut le découvrir. Prendre son temps, ne pas sympathiser trop vite, n’avaler que quelques gorgées, essayer de garder un semblant de sobriété. L’ivresse guette à chaque page tant Manciet n’emploie la langue que pour l’ivresse, rudoyant le lecteur avec l’attitude de celui qui promet de le ramener à la maison alors que la saoûlerie est générale et qu’aucun repère n’est plus possible. ...
Un livre
Faye, le sélénite
Romancier à part, imprégné des littératures de l’Est et d’Amérique du Sud, Éric Faye bâtit avec soin des édifices toujours prêts à se rompre.
À force d’emmener ses personnages dans des lieux sauvages (Le Général Solitude), des villes imaginaires (Parij), des forêts légendaires (Le Mystère des trois frontières, ces trois ouvrages au Serpent à plumes) ou de dérégler les barrières de l’espace et du temps (les nouvelles de Je suis le gardien du phare, éditions José Corti), Éric Faye devait un jour ou l’autre les emmener sur la lune....