La rédaction Martine Laval
Articles
Ni dieu, ni mec
Avec ses Chiennes de garde, Dahlia de la Cerda en met plein la vue – et même la gueule. Petit traité de féminisme et de survie dans la jungle mexicaine d’aujourd’hui.
Gare à celui qui osera encore dire que les filles sont des mauviettes ou des salopes, qu’elles n’ont que ce qu’elles méritent, à savoir coups, humiliations, viols. C’est fini. L’heure est à la relève sinon à la révolution. Dahlia de la Cerda brandit une littérature d’un genre nouveau, combine des mixes plutôt contraires : des coups de poing et de la tendresse, un parler populaire, vulgaire, bruissant tout chaud du macadam et une finesse d’esprit à faire crever de jalousie nos piètres penseurs. Les onze nouvelles de son recueil Chiennes de garde composent une sorte de roman, puisque les...
Terminus Belz de Emmanuel Grand
Ce pourrait être l’œuvre d’un vieux routier du polar, endurci aux codes du genre – intrigue rudement ficelée, suspense savamment balancé, violence pile poil orchestrée. Trompeur ! Terminus Belz est un premier roman. À la mécanique implacable. Aussi charpenté que les meilleurs Thierry Jonquet, maître de la construction. Aussi finement écrit que les histoires « atmosphère atmosphère » de...
Toutes les nouvelles de Jean Forton
À ce petit jeu-là, les écrivains ne sont pas égaux devant la feuille blanche, les meilleurs d’entre eux même pas gagnants d’avance. Écrire une nouvelle reste un art mystérieux, un truc ténu, du style mine de rien, délicat et fragile, et qui, sans prévenir, cingle comme une grande baffe, laissant le lecteur désarçonné, à savoir à la fois ravi et transi. Le français (et bordelais) Jean Forton...
De bruit et de sang
En Louisiane, une exploitation forestière, lieu de tous les combats, corps et âmes. Première traduction de l’impitoyable Tim Gautreaux.
L’Amérique dans toute sa fureur, conquérante, impitoyable. Une famille en ordre de marche pour une mission infernale : l’argent, l’argent encore et toujours, et son miroir, le pouvoir. Une nature luxuriante, pure et magnifique, mise à mal, mise à mort… Le Dernier Arbre de Tim Gautreaux, pour la première fois publié en français, renoue avec la grande tradition du roman made in USA, celui au...
Un auteur
L’éternel retour
Après Retour à Reims, le philosophe et sociologue Didier Eribon récidive avec La Société comme verdict. Un récit poignant en forme d’analyse de la domination et de la reproduction sociales.
Dans la famille de Didier Eribon, « gens de peu » pour reprendre la formule de Pierre Sansot, il n’était pas question d’études, encore moins que ce fils – un ingrat ? un traître à son milieu ? –fasse l’ascension d’un monde a priori inaccessible pour lui : devenir un intellectuel.
Didier Eribon est désormais sociologue et philosophe. À la soixantaine venue, le théoricien, auteur de nombreux...