La rédaction Thierry Cecille
Articles
Pavane pour un pays défunt
En une fresque ambitieuse et savamment construite, Regina Scheer ressuscite, de la Seconde Guerre mondiale aux années 2000, la RDA et certains de ceux qui y vécurent, jusqu’à la fin.
Peut-être vous est-il arrivé, à la lecture, par exemple, de Guerre et Paix ou des Frères Karamazov, de ressentir l’utilité de dresser une liste des personnages ou un arbre généalogique, pour vous y retrouver ? Regina Scheer, à la suite des 385 pages de ce roman, s’en charge pour nous : elle nous présente « Les protagonistes », soit la douzaine de personnages principaux qui s’y croisent (nous en rencontrerons d’autres, bien sûr, plus épisodiques). Cinq d’entre eux seront, alternativement, les narrateurs, créant ainsi un jeu d’échos, un texte complexe mais pourtant limpide, savant tissu de...
Un livre
Vivre avec une étoile
de
Jiri Weil
L’autre Procès
Entre burlesque et tragique, en une sorte de farce macabre, le Joseph R. de Jiri Weil est confronté à la menace de l’extermination – et résiste.
Vous avez un ticket de sucre ? m’a demandé le fonctionnaire. Vous devez avoir votre ticket de sucre sinon on ne vous donnera pas votre étoile./ Je n’y tenais pas trop à cette étoile. Elle était jaune, avec une inscription en langue étrangère, en caractères noirs et pointus, ce n’était pas une bonne affaire de l’échanger contre un ticket de sucre. J’avais besoin de sucre pour améliorer le faux...
Camus, mythes et limites
D’aucuns auraient fait de l’auteur de L’Étranger une intouchable icône pour éviter d’affronter des questions dérangeantes – Olivier Gloag s’y confronte.
Le titre peut intriguer. Olivier Gloag, universitaire enseignant en Caroline du Nord, l’explique à la toute fin de cet ouvrage concis et enlevé : « Oublier Camus tel qu’on nous le présente, c’est (…) permettre de jeter un regard plus lucide sur les faux-semblants d’une certaine gauche qui masque insidieusement son racisme et son impérialisme avec une fausse universalité, qui masque aussi la...
Contrer la haine
En 2020, dans son admirable Apeirogon, Colum McCann nous faisait partager la douleur infinie puis le long travail du deuil et de la compréhension d’un Palestinien et d’un Israélien. L’un et l’autre avaient perdu une fille, toutes deux victimes de ce conflit qui, aujourd’hui, de nouveau, cause la mort de milliers d’innocents. L’écrivain poursuit, dans cette œuvre plus modeste mais tout aussi...
À chacun sa mort
Se donner la mort, porter la main sur soi… d’autres périphrases encore tentent de dire la multiplicité des causes et des formes que, sous son apparente ressemblance, peut prendre le suicide. D’aucuns, alors, espérant ainsi être, au moins dans une certaine mesure, compris, accompagnent ce geste ultime d’ultimes mots. Vincent Platini fait de la lettre de suicide (qu’il va jusqu’à abréger...