La rédaction Thierry Cecille

Articles
La mort lente
Au printemps 1870, sous les yeux de son frère Edmond, Jules de Goncourt affronte le délire et l’aphasie : Alain Claude Sulzer scrute cette débâcle.
Tout ce qui dans ces pages va nous être raconté pourrait peut-être s’intituler Histoire d’un déni. Lorsqu’il relate dans son Journal la mort de son frère, Edmond de Goncourt écrit en effet : « M’interrogeant longuement, j’ai la conviction qu’il est mort du travail de la forme, de la peine du style ». Depuis des années, ils travaillent ensemble à produire des romans qui s’efforceraient de rendre compte de la réalité mais avec une acuité d’expression, une recherche de précision que certains admirent (dont Zola) mais que d’autres taxent parfois méchamment d’« écriture artiste ». Ce sont...
Vies parallèles
D’un village de Basse-Silésie, Olga Tokarczuk fait surgir, tel un magicien de son chapeau, des récits mêlant l’Histoire à la Nature, le réel au merveilleux.
Dans son discours lors de la remise du prix Nobel en 2018 (voir Lmda N°218), Olga Tokarczuk évoquait la difficulté pour l’écrivain d’affronter le monde actuel, confus, labyrinthique, en combattant le « brouhaha », la « cacophonie » de l’infini commentaire. Alors qu’il y a près de cent ans Walter Benjamin prédisait déjà sa disparition, elle en appelait à la responsabilité de celui qu’elle...
Les insoumis d’Ahmet Altan
Voix forte venue d’une Turquie bâillonnée, l’écrivain nous offre un riche roman d’apprentissage, éducation sentimentale et politique cruelle.
Fazil, personnage principal et narrateur, l’avoue lui-même : il est coupable et victime à la fois de son « indécision pathologique ». Tel le Frédéric Moreau de Flaubert, il semble incapable de faire des choix et de s’y tenir, d’autant plus que la ruine de sa famille l’a privé des quelques certitudes que l’aisance financière permettait. Une passion pourtant, dès l’abord, constitue pour lui...
Rien ne t'appartient de Nathacha Appanah
Une femme, veuve depuis peu, est la proie de visions : un « garçon », venu du passé, se trouve à ses côtés dans son appartement en désordre, les gestes d’une danse apprise jadis s’introduisent dans ses membres, elle rêve d’une rizière, « tableau vivant » dans lequel ses pieds « s’enfoncent dans une boue fraîche et délicate »… Eli, le fils de l’homme qu’elle a aimé, ne parvient pas à dialoguer...
Des livres
Le Dernier Istanbul
de
Murathan Mungan
Passe l’été
de
Murathan Mungan
Des vies désolées
éloignée de la trépidante capitale actuelle, c’est dans une Istanbul grise et mélancolique que tentent de vivre les personnages de Murathan Mungan.
Alors que nous avions pu découvrir Murathan Mungan dans la belle collection « Lettres turques » dirigée par Timour Muhidine chez Actes Sud, c’est désormais Sylvain Cavaillès et les éditions Kontr qui nous permettent d’explorer les territoires si particuliers de cet écrivain. Mungan, en effet, est en même temps reconnu dans son pays et sans doute considéré comme excentrique ou du moins...