La rédaction Thierry Guichard
Articles
Une histoire française
Le premier roman de Lolita Sene, un été chez jida, renoue avec ses racines kabyles, une Histoire douloureuse et l’indicible violence faite à une enfant. L’écriture comme un baume.
Elle est aujourd’hui vigneronne, produit des vins subtils et joyeux auxquels elle donne parfois un nom venu de l’enfance comme à son cinsault de soif, Couscous. Et peut-être a-t-elle appris en soignant avec de la valériane les vignes blessées par la grêle, qu’on peut appliquer sur les blessures de quoi cicatriser les plaies et renforcer les corps. Un été chez Jida est un roman qui soigne, où les mots viennent de loin, sont posés sur la page avec une précaution qui les rend plus prégnants. Roman parcellaire, fait de chapitres courts qui sont comme des pièces d’un puzzle difficile à...
Un auteur
Du jeu au je : apprendre à se découvrir
Après avoir commencé une oeuvre de virtuose pour qui les contraintes étaient des masques jetés entre elle et l’écriture, Régine Detambel s’est de plus en plus livrée dans ses romans. Son écriture intelligente est devenue diablement sensible.
Avant que ne commence l’entretien, Régine Detambel dispose devant elle, sur un bureau où l’ordre règne, une petite pile de feuilles blanches et un stylo-feutre noir qu’elle remplacera par un autre, similaire, mais plus neuf, lorsque le premier aura perdu un peu de son onctuosité. Durant tout l’entretien, qui comme les phrases de Proust, s’étirera de digressions en digressions, Régine Detambel...
Un auteur
Régine Detambel, la vie d’une enfant stakhanoviste
Le monde entier est dans les lettres. Forte de cette certitude, Régine Detambel s’est construit une existence de lectrice et d’écrivain. Loin des tumultes et des tensions, son univers de mots et de papier développe, à chaque parution d’un de ses romans, une sensibilité écorchée depuis l’enfance.
Des arbres en bord de route, un virage où s’est échoué un vieil hôtel abandonné : c’est tout ce qui sépare Montpellier de Juvignac où vit Régine Detambel. Presque rien. Mais assez d’arbres quand même, et un rétrécissement de la chaussée qui suffisent à donner au lieu un autre temps, un autre rythme, une paix. Derrière une haie, en bordure du trottoir, un chien aboie quand on passe là. Le...
Un éditeur
Les parutions singulières de Tristram
Amateurs de rock, de bonne techno et de football, les animateurs de Tristram ne se singularisent pas dans la profession de par leurs seules passions. Originale en diable leur production est le reflet d’une éflexion permanente. Portrait d’un éditeur polymorphe.
Les parutions singulières de Tristram
À l’écart d’Auch où, l’été sur les terrasses des cafés passe au ralenti, le chemin qui conduit à la maison des éditions Tristram nécessite de conduire avec un doigt sur le klaxon. Pour, à chaque virage, inviter une éventuelle voiture venant en sens inverse à se serrer sur le bas-côté. C’est une route d’agriculteurs qui dessert la maison ; elle a la...
Des livres
Perpendiculaire N°1
Perpendiculaire N°2
Perpendiculaire N°3
Debouts, les vivants
Novatrice et séduisante, le Revue Perpendiculaire prouve le contraire de ce qu’elle affirme : la bonne vitalité de la création littéraire française.
S’il fallait donner un palmarès des revues de création, il est probable que nous placerions La Main de Singe sur le podium de la catégorie « littérature étrangère ». La course aux récompenses serait plus indécise pour les revues concourant en catégorie « prose française ». On jugerait selon la qualité des textes publiés (le côté anthologie), les risques pris (le côté défricheur), les noms au...
Médiatocs – chronique
Pare-chocs du moi
Écrite précipitamment dans l’absence de style, l’autobiographie de l’ancienne directrice du Monde des livres atteint à des abysses de pensée. Du moment que ça la soulage….
Elle était la directrice du Monde des livres jusqu’au jour (« un matin de janvier 2005 ») où on lui annonce qu’elle est démise de cette fonction pour redevenir une simple journaliste. Josyane Savigneau vit d’autant plus mal sa mise au placard (qui la vivrait bien ?) que celle-ci la renvoie à un complexe d’imposture qui l’habite depuis toujours et qu’elle va tenter de résoudre en écrivant ce Point de côté. On espérait une réflexion sur le métier de journaliste, une description des rouages de la critique parisienne ou au moins une véritable plongée dans les mécanismes intimes, inconscients...
Un âne, des mots
Claire Castillon a probablement un vrai talent d’écrivain. Mais ses lecteurs ont assurément beaucoup de patience. Son nouvel opus, indigeste en diable, impose une lecture éprouvante.
Cette rubrique, consacrée aux très médiatiques romanciers allait tranquillement vers la proclamation d’un axiome incontestable. Quelque chose comme : un best-seller se fabrique. Dès sa conception jusqu’à son écriture, un best-seller imite plutôt la pente douce (qu’on dévale sans y prendre garde) que la montée abrupte qui nécessite effort et courage. Les ingrédients du best-seller se trouvent...
“ Les mecs, on la perd ! “
Quels ingrédients faut-il pour faire un best-seller ? Une louche de clichés alignés par un style de collégien attardé et assez de cynisme pour prendre ses lecteurs pour des gogos.
Prenez une pincée de Paulo Coelho, le romancier philosophe pour ménopausés du cerveau, dont vous extrairez des préceptes profonds du genre : « accepte le destin qui est le tien et donne aux autres le meilleur de ton temps ». Cette morale à deux sous qu’adorent tous les apôtres de la domination (que les miséreux acceptent leur misère et ne viennent pas nous emmerder) nous est assénée par...
Courrier du lecteur – chronique
La preuve par huit
Publié il y a treize ans aux États-Unis, « Surfiction » est un essai réjouissant. Clair et incitatif, il donne les bases d’une réflexion en mouvement.
Constitué de huit textes vifs, Surfiction traverse une bonne partie de la littérature de création (« le roman expérimental ») des années 60 à aujourd’hui plus particulièrement aux U.S.A. Raymond Federman sait de quoi il parle, puisqu’il fut un des premiers de sa génération avec Quitte ou double (1971) à révolutionner le roman (dans la lignée de Cervantès, Sterne ou Joyce). Le bonhomme n’hésite d’ailleurs pas à se citer lui-même…
Le texte inaugural est un « manifeste postmoderne » : écrit en 1973, ce texte programmatique n’a pas pris une ride, si ce n’est, peut-être, dans l’utopique part...