RUBRIQUE
Des plans sur la moquette
La chronique de Jacques Serena
Les articles
Le sens de la marche
Je suis chez moi, dans mon jardin, fin d’après-midi, quand tout à coup Pauline débarque. Mon amie Pauline, jeune femme mais allure de fille, pas grande, bonnes joues, sauvage, domiciliée chez ses parents. Des années que je la connais, elle venait à mes premiers ateliers d’écriture sur Toulon et reviens dès qu’elle apprend que j’en refais dans le coin. Comme tout le monde aujourd’hui, elle a du mal à tenir le coup, à supporter les conditions, questionnaires, convocations, comptes à rendre, tout ce qui est à tout bout de champ imposé aux jeunes femmes dans son genre, sauf que chez elle...
Victimes des familles
On dirait bien que de plus en plus de ligues de défense de ceci ou de cela, ayant sans doute peu à défendre en ces temps bien tièdes, en sont réduites à se chercher quelqu’un ou quelque chose à attaquer. Et, comme par hasard, ça retombe sur des artistes, des œuvres, que ces ligues jugent immorales, dégénérées, néfastes pour leurs apparentés.
Sans aller chercher loin : la pièce de Michel...
Cédez le passage
Deux inscrits à l’option artistique que j’anime sont allés manifester avec pour pancarte un panneau de circulation emprunté : Cédez le passage. Ce qui m’a aussitôt fait penser à Bob Dylan, quand il disait, en gros : vous qui ne comprenez pas ce qui arrive, ôtez-vous du milieu, parce que ça arrive. Le soir, je vois la manifestation sur France 3, j’aperçois le panneau, trop vite passé. Alors,...
Ne souriez pas vous êtes filmé
Je voudrais écrire sur un grand fléau. Comme sur ces insidieux amendements bricolés à la chaîne au jour le jour, dans le seul but d’éradiquer tout ce qui dépasse, diverge, menace d’un tant soit peu échapper au seul et unique modèle admis, à savoir l’universelle lourdeur légale vaine, à quoi il n’y a pas d’alternative, combien de fois faudra-t-il nous le dire ? Écrire donc là-dessus, mais le...
À la ville comme à la scène
Pourquoi, de temps en temps, passer au théâtre. Sait-on jamais pourquoi. Quand même essayer. Pour retrouver une émotion rare. Les pires qu’on puisse éprouver, c’est-à-dire produites par un de ces gestes à la fois précis et un peu décalés. Dont on a senti aussitôt la gravité, l’irrémédiable. L’effet sur le coup et à retardement. Avoir à ma disposition lieu et temps pour voir à retrouver de ces...