La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Histoire littéraire L’enfer du siècle passé

octobre 1993 | Le Matricule des Anges n°5 | par Thierry Guichard

En sept romans et six cents pages, Alexandrian propose une sélection des romans érotiques du XIX° siècle. Notre siècle n’a rien inventé.

L' Erotisme au XIX° siècle

Merveilleuse idée qu’ont eue les éditions Lattès en nous proposant dans leur collection Les Romanesques une anthologie des romans érotiques du XIXè siècle présentée par Alexandrian.
Merveilleuse idée parce qu’elle permet de découvrir l’évolution d’un genre à travers l’Histoire ; le premier roman L’Enfant du bordel ayant paru en 1800 et le dernier La Canonisation de Jeanne d’Arc en 1890. Entre ces deux dates et ces deux romans, Alexandrian nous aura fait (re)découvrir Julie ou j’ai sauvé ma rose, premier roman écrit (en 1807) par une femme, la comtesse de Choiseul-Meuse ; La Perle satire érotique sur l’actrice Mlle Mars chère à Hugo ; le très violent Gamiani d’Alfred de Musset, Un été à la campagne de Gustave Droz et, enfin, Le Roman de Violette de la marquise de Mannoury d’Ectot.
Alexandrian éclaire chaque texte d’une préface riche en savoir et en anecdotes sur les curiosa. L’auteur de l’incontournable Histoire de la littérature érotique (Seghers 1989) dresse le portrait de chaque auteur, fait le point sur les recherches bibliographiques des œuvres proposées, place dans son contexte historique la production de ces textes publiés le plus souvent en Belgique pour échapper à la censure.
Chacun de ces romans est écrit dans une langue soignée, crue parfois, mais souvent légère, spirituelle et enlevée. L’écriture pornographique dans laquelle plonge le romancier est pour lui à la fois source de jouvence et espace de liberté. Une fois franchi le premier pas, la décision d’écrire qui implique la clandestinité, l’écrivain se laisse porter par, d’une part ses fantasmes, d’autre part son discours qui, hormis chez Musset, tend à légitimer les actions des personnages. « Allons, tout cela c’est la nature, et il faudrait être sot pour ne pas en profiter » semblent-ils nous dire. Parmi la sélection effectuée par Alexandrian, trois de ces romans justifient à eux seuls la lecture de cette anthologie.
Charles Pigault de l’Epinoy était un aventurier, un homme qui enlèvera par deux fois ses maîtresses, connaîtra la prison sur les ordres de son père, se battra en duel avant d’être séduit par le théâtre et de devenir médiocre comédien. Considéré comme mort, il fera un procès pour protester de son existence, mais….le perdra et devra changer son nom en Pigault-Lebrun. C’est sous ce nom qu’il signe le roman le plus alerte de cette anthologie, L’Enfant du bordel. Rapide, vive et gaie, cette histoire initiatique et débridée conduit le jeune héros de mésaventures en aventures érotiques. Si le monde qui y est dépeint est encore celui du siècle précédent avec ses conventions et ses règles, la liberté de ton est d’une franche modernité.
Autre roman très moderne, Gamiani d’Alfred de Musset est à ranger du côté des ancêtres de Ma mère ou de Madame Edwarda de Bataille. Musset met en scène des personnages hystériques, prisonniers de leurs désirs, de leurs pulsions mortifères. L’érotisme se fait tyrannique et violent.
Le dramaturge a composé ce récit à la suite d’un pari, pour prouver que l’on pouvait écrire une œuvre érotique en se passant du vocabulaire pornographique. Pari réussi donc, puisque de tous les romans présentés par Alexandrian c’est bien Gamiani qui semble le plus cru.
Enfin, La Canonisation de Jeanne d’Arc décrit avec frénésie une énorme partouze organisée par un collège de dames du monde éprises autant d’érotisme que de galanterie (Ah ! Qu’il est bon de se faire foutre par des hommes de bonne manière). La plume d’Adolphe Belot se fait légère, drôle, elle annonce les fastes de la belle époque autant qu’elle souligne l’engouement de la bonne société pour une antiquité somme toute fort libertine.
Adolphe Belot, auteur de romans mièvres selon Alexandrian, a lâché la bride à son tempérament. Son roman, absent même de l’enfer de la bibliothèque nationale reste pour l’amateur une image du paradis.

L’Erotisme au XIXè siècle
Alexandrian

Jean-Claude Lattès
692 pages, 185 FF

L’enfer du siècle passé Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°5 , octobre 1993.