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Poésie Les sphères de Parant

février 1994 | Le Matricule des Anges n°7 | par Dominique Sampiero

Poète et artiste, Jean-Luc Parant recherche unemachine qui pourrait mener l’homme aux étoiles aussi vite que ses yeux le mènent au soleil.

Dix Chants pour tourner en rond

Et nos paupières se lèvent pour donner la vue / et faire naître le jour devant nous / comme notre bouche s’ouvre pour nous donner la voix / et faire naître notre cri au-dehors / ou comme le sexe de la femme s’est ouvert pour nous donner la vie / et nous faire naître sur la terre. »
La poésie de Jean-Luc Parant, puissante, obsessionnelle, répétitive, relève de la scansion, de la performance - l’artiste avait rempli, il y a une dizaine d’années, le musée de Villeneuve-d’Ascq, de cent mille et une boules (en terre cuite).
Il dérange l’écriture en la poussant à ses limites, c’est-à-dire aux points de contact avec une oralité rituelle, avec la danse, la musique, le pétrissement.
« Il y a deux infinis, écrit-il, celui qui n’a pas de fin dans la lumière / et celui qui a des contours dans l’obscurité » et dans ce dédoublement, la dualité et son ombre, jaillit une angoisse qui parle, investit l’espace dans un chant lancinant, une quête vertigineuse du vertige.
Il suffit d’écouter l’une des cassettes produite par Artalect, intitulée Comme une Petite Terre aveugle, pour comprendre aussitôt le travail du lancinement, à la limite de l’aphasie et de la suffocation, évoquant le vibré puissant d’Artaud. Le poète lit son texte - mais il faudrait dire le martèle, l’expire, l’incante -sans reprendre souffle, dans de longs traits de mots, une circularité. Et c’est l’écroulement infini, la patience agacée, comme si nous assistions à notre propre vieillissement, une sorte de prière, de vision large, hallucinée, aucun vide n’est laissé entre les mots, l’esprit gémit dans la forclusion du corps, « Et s’il fait jour sur chacun de nous / c’est parce que nous sommes détachés les uns des autres / c’est parce que nous sommes éloignés de tout ce qui nous entoure / et que nous avons été expulsés de notre nuit / et nous sommes chacun l’infime éclat / l’infime éclat de l’explosion d’une immense nuit / et nous brillons / et depuis nous brillons dans le soleil ».
Phrases écrites comme une partition, avec des voyelles en point d’orgue, des mots enchâssés, répétés, la poésie de Jean-Luc Parant fait surgir à travers une modernité ce qu’il y a de plus ancien, de plus archaïque, de plus ancien chez l’homme : c’est-à-dire la participation du corps à la rotation terrestre, « Et dire en montrant du doigt : et si la totalité de la terre / elle est là sous mes pieds / et que la totalité de moi-même / elle est là dans ma poitrine / c’est que je dois pouvoir entendre le bruit / que fait la terre en tournant. » Du coup le texte est cette rotation dans l’esprit, la pensée, la langue, on pourrait dire qu’il invente l’émergence d’une image, et que cela agit en lui comme une source autour de laquelle gravite à son tour la poésie. Le poète devient la rotation des mots, des phrases, d’une langue, il est le centre et le cercle, hors du centre, hors du cercle. « Dans sa tête, dans la lumière, il invente ce que lui montreraient d’autres soleils. Dans sa tête, il ne suit plus le mouvement de la terre qui entraîne son corps tout autour de la lumière, il profite de ses tours autour du soleil, du jour et de la nuit, pour s’échapper et sauter dans le vide. Et dans sa tête, dans ce vide, il se déplace sans cesse dans l’infini, il invente la lumière d’autres jours. »
Penser plus loin, changer de soleil, de conscience, dans l’intuition d’autres énergies : ce qu’il y a de prophétique chez Jean-Luc Parant c’est l’éveil à ce qui nous dépasse, nous entraîne, et nous frustre en même temps, l’inexprimable de l’infini, une sorte d’au-delà des soleils et des cosmos, decendu là dans l’homme, dès l’origine.

Dix Chants pour tourner en rond
Jean-Luc Parant

La Différence
60 pages, 69 FF

Les sphères de Parant Par Dominique Sampiero
Le Matricule des Anges n°7 , février 1994.