Petite carte d’Amérique
Une série de petits textes coupés au couteau, tel est le cadeau-souvenir que Françoise de Maulde nous a ramené de son voyage aux Etats-Unis. Nouvelles ? Carnets de voyage ? Documentaires ? A quel genre littéraire appartiennent donc ces Petits Etats d’ Amérique ?
A la nouvelle, ils empruntent la forme : développement narratif concis et clos sur lui-même. Des carnets de voyage, ils prennent l’apparence : chaque lieu-étape fournit la matière de chaque récit et signe la singularité de chaque histoire mais le ton intimiste propre généralement à ce genre n’est pas de mise ici.
Des écrits documentaires, ils possèdent le souci apparent d’objectivité, la volonté marquée de témoigner sur une situation vue plutôt que ressentie. S’il est si difficile de ranger ces écrits dans une typologie littéraire c’est qu’ils s’apparentent surtout à un autre art : la photographie.
Tout comme une photo nous plonge d’un seul coup dans cet autre espace qu’elle représente, c’est sans délai aucun que les mots du texte nous immergent au cœur de l’univers de personnages dont nous ignorions l’existence une seconde auparavant.
Ce coup de maître, l’auteur le doit à son écriture alerte, à son style efficace sous la décontraction et à son art des dialogues pris sur le vif. Certes, quelques clichés sont un peu flous mais la plupart sont d’une netteté étonnante et retiennent le regard. L’album de la société américaine s’effeuille devant nous : Diana Barone, l’institutrice du ghetto noir de Chicago, les Haslam, famille mormone de l’Arizona, Woody Kipp, l’Indien du Montana… Françoise de Maulde a indéniablement trouvé le ton juste pour nous parler des Etats-Unis, la narratrice-reporter a su s’effacer derrière son sujet, restant hors-cadre et laissant ses personnages se livrer totalement et librement le temps du clic-clac.
Petits Etats d’Amérique
Françoise de Maulde
La Table ronde
195 pages, 79 FF
Domaine français Petite carte d’Amérique
février 1994 | Le Matricule des Anges n°7
| par
Christine Koziura
Un livre
Petite carte d’Amérique
Par
Christine Koziura
Le Matricule des Anges n°7
, février 1994.