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Théâtre Démasquer la conscience

juin 1995 | Le Matricule des Anges n°12 | par Laurence Cazaux

Odön von Horvath a voulu que son théâtre soit étrangement inquiétant et le reflet « du gigantesque combat entre individu et société ». L’intégrale.

Théâtre complet I

L’Arche s’attèle au théâtre complet d’Odön von Horvath, ce qui représentera au final six volumes, publiés par ordre chronologique. Plusieurs pièces d’Horvath ont été montées récemment en France, Figaro Divorce par Jean-Paul Wenzel (Théâtre des Fédérés), Le Belvédère par Agathe Alexis (Comédie de Béthune)…. Mais l’ensemble de l’œuvre reste méconnu. Et cet auteur fécond, mort en 1938, à 37 ans, de manière absurde, (de passage à Paris, lors d’un orage, une branche d’arbre lui fracasse le crâne sur les Champs Elysées) mérite grandement d’être redécouvert.
Laissons Peter Handke faire les présentations : « Pour ma part, je préfère Odön Von Horvath (à Brecht)… Les égarements de ses personnages me font peur : il pointe avec bien plus d’acuité la méchanceté, la détresse, le désarroi d’une certaine société. Et j’aime ses phrases folles, signes des sautes et des contradictions de la conscience. Il n’y a guère que chez Tchekhov ou Shakespeare que l’on en trouve de semblables.« (1).
Les trois premières pièces de ce tome I (Dosa, Un épilogue et Meurtre dans la rue des Maures) ont été écrites avant 1924. C’est tout ce qu’il nous reste des débuts de l’écrivain. On y retrouve déjà une tension dramatique très forte. La mort, le suicide et le meurtre rôdent. Les personnages vivent sur un fil et sont très virulents. Comme Wenzel, le voyou deMeurtre dans la rue des Maures : »Nous sommes le fumier… Les maisons empestent les cadavres et la choucroute. On devrait être capable de se vomir soi-même. ».
Le Funiculaire est rédigé trois ans plus tard, en 1927. Horvath déclare écrire à partir de cette pièce du « théâtre populaire ». Il adopte alors une pratique de « chroniqueur dramatique » et s’inspire de faits réels, les faits divers de l’époque. Ici, la construction d’un téléphérique ayant entraîné la mort de trois employés et une révolte ouvrière (Le Funiculaire), ou ailleurs la mise à pied d’une institutrice et sa chute dans la folie à cause de ses amitiés communistes (L’Institutrice).
Malgré leur inspiration dans la réalité, les pièces d’Horvath échappent au réalisme car l’écrivain exacerbe l’inquiétant, le malaise. (Pour resituer rapidement le contexte politique, Horvath qui a vécu longtemps en Allemagne, ne cessera de dénoncer dès 1927 les menaces du nazisme. En 1933, il sera interdit sur les scènes allemandes).
L’unique objectif de l’écrivain est, selon lui, « de démasquer la conscience…Tout être commet chaque jour en moyenne dix saloperies du moins en pensée. L’art est une soupape pour l’imagination… Je ne suis pas du côté de l’assassin, absolument pas ! C’est pourquoi je suis, jusque dans l’écœurement, dur, dérangeant… » (1)
Ce que résume fort bien Klaus Mann : « Horvath avait une manière caractéristique, inoubliable, de rire comme un enfant amusé, un peu menaçant pourtant, de toutes ces choses horribles qui arrivaient dans ses histoires. Ce rire semblait vouloir exprimer combien il était drôle et bizarre et passionnant que le monde soit à ce point effroyable, si riche en absurdités et en horreurs. Mais d’autre part qu’il nous incombait de faire ce que nous pouvions pour le rendre meilleur et un peu plus raisonnable, un peu moins tragi-comique. ».
Avec la montée des extrémismes, Horvath est aujourd’hui terriblement d’actualité !

Théâtre complet I
Odön von Horvath

Traduit de l’allemand par
Henri Christophe et Bernard Kreiss
L’Arche
209 pages, 145 FF

(1) Odön von Horvath, repères de Heinz Schwarzinger. Actes Sud-Papiers

Démasquer la conscience Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°12 , juin 1995.