1976, Jean-Louis Hourdin, Olivier Perrier et Jean-Paul Wenzel s’installent à Hérisson (Allier), village médiéval de 800 habitants et créent leurs premiers spectacles. Sans se préoccuper de pérennisation.
Cette année en juillet, Hérisson a fêté les vingtièmes Rencontres théâtrales. Cet « anti-festival » reste un bain de jouvence où règne toujours cet esprit hérissonnais, proche des débuts d’Avignon.
Un des secrets d’Hérisson, c’est peut-être ce mélange soigneusement entretenu de professionnalisme et de précarité. Un spectacle ici se crée en trois semaines : deux jours de lecture, une semaine d’improvisations, un jour pour la distribution des rôles et moins de quinze jours pour monter le tout.
Le résultat cette année : Zpardakos !, un spectacle de deux heures et demie et une énergie incroyable sur le plateau. Un spectacle fragile, plus éphémère que de coutume puisque joué seulement cinq fois. Jean-Paul Wenzel et sa complice Arlette Namiand ont l’art de se lancer des paris : écriture avec les acteurs, commande à plusieurs écrivains, etc. Le résultat n’est pas parfait bien sûr, mais ce n’est pas le plus important. La générosité du groupe et la prise de risques amènent une énergie contagieuse.
Et puis… il y a l’après-spectacle, la fête, les rencontres. Première étape, les bars du village. Plus tard, à la fermeture, la base de repli, c’est le « cube », le studio des Fédérés. Chaque nuit est une fête. Une soirée brésilienne succède à une soirée gauloise, avec trois sangliers cuits à la broche, un tonneau de vin… Curieux mélange entre la population du village et les amis venus de partout.
Les après-midi se passent au ralenti. Station prolongée dans les cafés, baignade ou farniente sur les bords de la rivière Aumance. En attendant la nuit.
Jean-Paul Wenzel, né en 1947, à Saint-Etienne, dans un milieu ouvrier, écrivit sa première pièce à 16 ans : il la jette en se rendant compte qu’Arrabal a déjà traité le sujet ! Il entre à l’école du Théâtre national de Strasbourg où il va vivre mai 1968…
En 1974, il joue dans Timon d’Athènes mis en scène par Peter Brook, l’aboutissement de son rêve d’acteur. Il part alors vers d’autres rêves qui vont s’appeler Hérisson, les Fédérés… Il écrit Loin d’Hagondange, l’un des textes fondateurs du Théâtre quotidien. En 1981, Hourdin, Perrier et Wenzel regroupent leurs trois compagnies en une seule structure, Les Fédérés. Quatre ans plus tard, il prend avec Olivier Perrier la direction du Théâtre des Ilets à Montluçon, Centre dramatique national d’Auvergne. Enfin, il vient d’être nommé directeur de l’école du TNB à Rennes.
Jean-Paul Wenzel, pourquoi avoir créé Hérisson ?
Olivier Perrier étant natif de ce village, c’est tout naturellement que nous sommes venus ici. Nous avions envie de vacances studieuses, d’un questionnement sur ce qu’on faisait, d’un système de production en dehors de toute normalité, le tout avec un souci de popularité. Cela n’a pas changé. Entre...
Événement & Grand Fonds Vingt bougies pour Hérisson 1
septembre 1995 | Le Matricule des Anges n°13
| par
Laurence Cazaux