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Domaine français Défloraisons côté jardin

septembre 1995 | Le Matricule des Anges n°13 | par Didier Garcia

Des séductions végétales aux ivresses animales : une lente plongée dans les joies érotiques du jardin. Jean-Pierre Otte ou l’écriture sensuelle.

L' Amour au jardin

Nous le savions romancier -une dizaine de romans publiés depuis 1977-, nous venions de découvrir en lui un explorateur -à la conquête des mythes, du cercle arctique à l’Océanie, pour Les Matins du monde-, mais nous ignorions encore que cet écrivain belge occupe son temps libre à musarder dans son jardin et observer les êtres vivants qui l’habitent ! L’Amour au jardin : cent cinquante pages pour célébrer des fêtes galantes d’un univers qui nous échappe.
Ce sont en effet des amours peu communes, des fièvres, des caprices, des intrigues d’un autre monde, que ces vingt-deux proses nous révèlent, mais ici, ni hétaïres, ni sigisbées, ni chevaliers servants : les messagers de l’amour ont pour noms phalènes, phasmes, lampyres ou bourdons -des bourdons qui, au retour de leurs sorties amoureuses, s’en reviennent avec des « conduites d’ivrogne », l’abdomen encore couvert de pollen. À la faveur d’un vol de reconnaissance qui n’ignore rien des régions érogènes du jardin, nous découvrons des amours peu soucieuses de préliminaires, peu enclines au marivaudage : accouplement d’escargots, hermaphrodisme des limaces, étreinte de deux orvets, rut nerveux du crapaud… Mais au jardin, l’amour se mue parfois en fureur : l’araignée ponctue sa danse nuptiale par un baiser mortel qui achève son amant, quand le carabe doré et la mante religieuse engloutissent leur compagnon de plaisir…
L’essentiel de ces proses ne saurait toutefois se réduire au cannibalisme amoureux ; Jean-Pierre Otte s’attarde surtout aux beautés du jardin et, loupe en main, photographie par les mots une authentique mosaïque de couleurs : orchidée, violette, primevère, muscari, passiflore -l’ « émigrée créole » -, iris, arum -aux exhalaisons fécaloïdes destinées à séduire les insectes coprophages !- apparaissent soudain sous un éclairage érudit qui exhibe « la réalité (de la) fleur, sa profonde beauté de construction et de couleurs ».
Comme enfiévrés par l’érotisme (lexical) du périanthe, du pédoncule et des anthères, nous rêvons de « plongées dans la soie des corolles », d’une visite sous les « jupons serrés d’un pavot rose », d’un échange prolongé avec des « imaginations féminines fort complexes » ! Sous la plume de Jean-Pierre Otte, la nature libère soudain des nectars et des sucs inconnus, déploie une phraséologie amoureuse devant laquelle nous osons enfin succomber…
Est-il besoin de dire combien nous regrettons que cette flânerie s’achève si tôt ? Cent cinquante pages sont si peu quand il ne s’agit que de plaisir ! La lecture à peine achevée, nous cherchons à retenir notre émotion, soudain persuadés d’avoir visité l’autre côté du miroir… La grande réussite de ce livre est de nous faire croire au miracle, au conte de fées, à l’avènement du merveilleux, peut-être même du spirituel ; en d’autres mots, de donner à rêver, alors qu’il n’y est question que de réalité. Jean-Pierre Otte nous invite en effet à découvrir la gratuité d’une nature vêtue de ses plus nobles atours, avec une ferveur poétique qui irradie chaque mot, un verbe amoureux qui caresse, qui fait de l’orvet « un joyau tombé du ciel, un collier sorti de nulle part, perdu peut-être par un être enchanté »… Pour donner une réelle mesure de cet hommage, il conviendrait de citer chaque phrase, faire valoir la justesse du chant, la grâce des métaphores, et sans doute atténuer ainsi la beauté de ces pages… qui n’existent que pour être lues !

L’Amour au jardin
Jean-Pierre Otte

Phébus
154 pages, 98 FF

Défloraisons côté jardin Par Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°13 , septembre 1995.
LMDA papier n°13
6,50