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Domaine étranger Colm Tóibín l’européen

juin 1996 | Le Matricule des Anges n°16 | par Thierry Guichard

Ecrivain voyageur et journaliste attentif, Colm Toíbín est en passe de devenir une des figures de la jeune litérature irlandaise (avec Joseph O’Connor). Sa recette : rester au plus près des faits, réels ou fictionnels.

La Bruyère incendiée

Bad Blood

Dans Bad Blood, le livre où il raconte ses pérégrinations pédestres sur la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, un des hôtes de Colm Tóibín le prend pour un comédien homonyme. Méprise facile quand on rencontre l’écrivain, dont le visage laisserait rêveur le mime Marceau lui-même.
Journaliste, critique littéraire et grand voyageur, Colm Tóibín, dans son premier roman Désormais notre exil, racontait l’histoire d’une Irlandaise quittant enfant, mari et pays pour se retrouver en Catalogne, sous Franco, amoureuse d’un peintre macho.La qualité de ce premier roman venait de l’absence de toute analyse psychologique dans des situations où il eût été facile d’en faire.Désormais notre exil faisait penser peu ou prou à La Femme gauchère de Peter Handke. Aujourd’hui, en plus de Bad Blood paraît un nouveau roman La Bruyère incendiée qui met en scène un juge réputé confronté à un choix de société. Colm Tóibín excelle à poser les questions et à laisser le lecteur faire sa réponse.Inversion des rôles.
Vos personnages de roman semblent être des métaphores de l’Irlande. Ne pouvez-vous écrire sans parler de l’Irlande ?
Mes personnages sont d’abord des personnages avant de symboliser l’Irlande. Ils peuvent, c’est vrai, représenter l’Irlande mais je ne les ai pas créés dans cette intention. Les deux personnages principaux des deux romans sont des personnes publiques, un peintre connu et un juge. Les deux viennent de familles touchées par la guerre d’indépendance.
Mon prochain roman, qui sera publié à Londres en septembre, The Story of the night, se déroule en Argentine et met en scène des Argentins.
Vous étiez en France dans le cadre de « L’Imaginaire irlandais ». Pensez-vous être représentatif de la littérature qui s’écrit aujourd’hui en Irlande ?
Beaucoup d’écrivains irlandais de la nouvelle génération (Anne Enright, Joseph O’Connor, Hugo Hamilton) sont des amis, mais nous n’avons rien en commun en tant qu’écrivains.
C’est très important pour l’Irlande aujourd’hui de montrer à la France et à l’Allemagne qu’elle est un pays moderne, qu’elle regarde vers l’avant. C’est pourquoi nous avons envoyé beaucoup d’écrivains (trente-trois) en France et beaucoup en Allemagne cette année.
Le dernier Prix Nobel a été attribué à un Irlandais, le poète Seamus Heaney. Cela signifie-t-il qu’il y a aujourd’hui un renouveau de la littérature irlandaise ?
Les Britanniques ont introduit la gratuité de l’éducation en Irlande du Nord en 1946. Vingt ans plus tard, ils avaient le premier livre de Seamus Heaney et beaucoup d’autres premiers livres de beaucoup de poètes.
Le gouvernement irlandais a introduit l’éducation gratuite en 1967-1968 et vingt ans plus tard, un bon nombre de jeunes romanciers -dont moi-même- publiaient leurs premiers textes.
Il y a maintenant beaucoup d’auteurs qui écrivent à temps plein, qui gagnent leur vie et il y a aussi beaucoup de bons lecteurs.
Vous êtes aussi un critique littéraire. Pourriez-vous, à ce titre, définir la littérature irlandaise contemporaine ?
Certains écrivent comme si la fiction et le langage venaient d’être inventés. Pour la plupart des écrivains, toutefois, l’Histoire, les générations précédentes sont extrêmement importantes. La notion de chanson et de rythme, de ballade est immensément importante pour la plupart des poètes et des prosateurs. Je crois qu’en général les gens ont pris le modèle américain plutôt que le modèle britannique ou européen.
L’idée de la voix en poésie et dans la fiction est primordiale en Irlande et prime sur la structure ou sur la forme. La plupart des écrivains irlandais ont aujourd’hui un lectorat irlandais ce qui n’était pas le cas lorsque Joyce et Beckett ont débuté et leur travail tend peut-être à être moins provocateur, moins expérimental dans la forme, plus social, peut-être plus conservateur.

La Bruyère incendiée et
Bad Blood
Traduits de l’anglais par
Anne Gibson
Flammarion
278 et 268 pages, 135 et 120 FF

Colm Tóibín l’européen Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°16 , juin 1996.