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Poésie Les fidélités de Bousquet

septembre 1996 | Le Matricule des Anges n°17 | par Marc Blanchet

Publication de deux recueils de textes rares de Joë Bousquet. Qu’il parle de Daumal ou livre ses réflexions poétiques, l’écrivain s’y révèle unique.

L' Oeuvre de la nuit

Dans sa préface du livre de Joë Bousquet consacré à René Daumal, fondateur de la revue littéraire Le Grand Jeu et auteur entre autres de deux récits essentiels dans l’histoire littéraire du vingtième siècle : La Grande Beuverie et Le Mont Analogue (éditions Gallimard), Bernard Noël rappelle à quel point Joë Bousquet tout comme René Daumal demeurent méconnus : « Le temps, qui a porté très haut le surréalisme, n’a pas encore rendu justice au Grand jeu ni à Joë Bousquet. Cela n’a d’ailleurs aucune importance, car c’est la mort qui fixe et statufie : nous, les vivants, ne savons jamais ce qu’elle mettra à notre place pour déguiser l’absence. Le Grand Jeu n’est pas plus un sous-groupe surréaliste que Bousquet n’est « un » écrivain, lui qui cache sous son nom tout un mouvement anonyme, dont les voix multiples n’en finissent pas de troubler l’eau du regard trop chargé de présence et n’en finissent pas non plus de faire fleurir des visages au bord de l’amour devenu, par lui, énergie de la langue ».
Cet hommage de Bernard Noël est à la mesure des deux créateurs évoqués. Les trois textes de Joë Bousquet sur René Daumal sont trois moments de fidélité et d’attention à une œuvre qui sut puiser dans l’inconnu de l’homme et restituer à la lumière toute l’aventure du génie humain. Le premier, inédit, Lettre à Jean Ballard, est étourdissant d’intelligence et de culture. L’honnêteté intellectuelle de René Daumal est une vertu que Bousquet apprécie particulièrement. Dans ce texte riche de références à la philosophie et à la métaphysique, Joë Bousquet culmine en écrivant : « Quoiqu’il en soit, c’est un homme et, indiscutablement, le chef de cette génération. Ne le perdons pas de vue ! (…) Toute son activité revient à sentir et à manifester « que l’homme n’a pas à chercher le surnaturel, CAR LE SURNATUREL C’EST LUI » ». Le deuxième texte est une réédition de 1939. Bousquet y parle de La Grande Beuverie, de la nature rabelaisienne de ce récit où Daumal écrit « un procès des sciences qui s’emparent des mots sans s’apercevoir que le poids d’une expérience humaine s’oppose à leur nouvelle qualification. »
Enfin, Souvenir de René Daumal est un texte bref, une impression remplie de reconnaissance et de gratitude vis-à-vis d’un écrivain à l’écoute des cultures et des savoirs.
Cette générosité, on peut la retrouver dans le second livre publié par les éditions Unes : L’Œuvre de la nuit. Il s’agit de la réédition d’un ouvrage paru initialement aux éditions de Montbrun à la fin de la dernière guerre. C’est la « poésie en prose » de Joë Bousquet que nous retrouvons là, une expression inappropriée tant il est vrai que la pensée de cet auteur n’est que la trace concrète d’une plus vaste expérience et remet en jeu nos catégorisations de la littérature. Communiqué aux lecteurs éveille au-delà du plaisir cérébral. La vérité de la chair, son lien sensible avec l’esprit, y sont soulignés dans toute leur valeur : « Le corps est une histoire et non une grammaire. Il ne faut pas l’éplucher, mais ne le voir que suréclairé dans son rapport à une intuition planétaire ». Progrès poursuit cette vision de la vie à travers la notion récurrente d’amour. La même exigence, le même tribut de l’homme à la vie y sont engagés dans des pages lumineuses. L’Œuvre de la nuit conclut en apothéose cette foi dans un renoncement qui est un acquiescement aux plus hautes facultés de l’homme. « Difficile était la vie. Heureusement, nous connaissions son mal ». On peut fuir, par peur justement, devant la force de ces textes essentiels. On peut de même s’y abandonner pour en découvrir dans la vie leur écho fervent et lucide, et mieux encore : leur reflet entier, au-delà du doute et des apparences.

Marc Blanchet

René Daumal
et
L’Œuvre de la nuit
Joë Bousquet

Éditions Unes
30 et 46 pages, 69 et 75 FF

Les fidélités de Bousquet Par Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°17 , septembre 1996.
LMDA PDF n°17
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