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Premiers romans L’être et l’actu

décembre 1996 | Le Matricule des Anges n°18 | par Marie-Laure Picot

Les Intérêts du temps

Pour Martin Heidegger, le monde ne tourne pas rond. On nous a déjà habitués, avec un profil-type de personnage solitaire, la trentaine, un peu en marge, à des livres-monologues, nombrilistes et ternes, qui nous renvoient au visage notre propre solitude d’une manière souvent abrupte et gratuite. Le personnage du premier roman de Stéphane Zagdanski n’est pas de ce bain-là. Martin Heidegger (l’homonyme du philosophe) se veut l’un des rares résistants -après Debord, dont le frère du narrateur ne cesse de rappeler la clairvoyance- face à la société moderne du spectacle et de l’aphasie intellectuelle. Le réel plaisir et parfois la franche rigolade que l’on peu éprouver à lire ce roman tiennent à l’intelligence, au brio rhétorique et à l’humour mordant d’un héros très attachant. Écrivain (c’est l’identité qu’il revendique), Martin Heidegger écrit vraiment et ce n’est peut-être pas une tautologie de le dire. Pour preuve ce roman-agenda et quelques scènes de sa vie quotidienne triées d’après leur valeur de témoignage et d’analyse. Martin Heidegger, qui l’eût cru, est un penseur. Rien n’échappe à son acuité intellectuelle et surtout pas la bêtise de ses collègues journalistes : dilettante chevronné, il se soucie parfois de son porte-monnaie et offre son génie en pâture à la presse parisienne à la mode, en l’occurrence Le Mag, (Globe). On peut se demander par quel mauvais hasard un jeune homme aussi brillant se voit forcé de frayer dans le cloaque d’une presse affligeante. Mais sans doute faut-il approcher de près les démunis de l’encéphale pour être à même, sinon de les comprendre, du moins de les décrire… « Le plus patent, d’une ligne à l’autre et de bout en bout, c’est le narcissisme aveugle et blindé des signataires » écrit Martin à propos du Mag. Et Stéphane Zagdanski de pousser encore plus loin le bouchon : « C’est à se demander pourquoi ce magazine est si détesté et raillé dans le milieu. Il demeure prfaitement dans la norme de la vacuité maximale qui relie solidairement la profession. »
Helléniste et lecteur insatiable -il a toujours un Pléiade à la main, une manière efficace de donner de l’intérêt au temps- Martin n’est cependant pas indifférent au monde. L’« Être » est réellement pour lui un sujet de préoccupation. Il aimerait pouvoir écrire « la dévoration inexorable des mille mondes voluptueux du verbe par l’immonde ronde frigide des images ». Mais il se contente (pour l’instant -on imagine aisément une suite au livre) de produire l’agenda d’une année de sa vie. Sa vie au milieu d’un panel de sujets qui à la fois amusent et inquiètent celui qui « littéralise sa vie », Internet, le CD-Rom, l’art contemporain et ses représentants ou la frigidité généralisée. Un livre qui, finalement, en dit long sur notre humaine solitude.

Les Intérêts du temps
Stéphane Zagdanski

Gallimard
316 pages, 130 FF

L’être et l’actu Par Marie-Laure Picot
Le Matricule des Anges n°18 , décembre 1996.
LMDA papier n°18
6,50