Avec Égérie légère, Fajardie nous donne à lire un O.V.N.I. littéraire que son cahier central rend assez proche de la presse dite de charme et dont le contenu tient à la fois de l’art poétique et du poème amoureux. « Que pourrais-je montrer à ceux qui m’interrogent sur l’origine de mes livres et mon imaginaire ? En toute justice, une femme. Sans elle, pas de livres (…) Sans Francine, pas de Fajardie ».
Le sens que Fajardie donne dans ces textes à sa vie est des plus romantiques voire des plus romanesques : « Mon « plan de carrière » me plaisait bien : mourir les armes à la main avant d’être jeté dans une fosse commune, faire avancer l’Histoire, finir vite mon temps humain et disparaître avec discrétion (…) Copie à revoir. Ce fut ELLE qui orienta ma vie vers d’autres horizons et m’habilla pour un autre destin (…) ELLE qui m’a fait choisir le stylo plume pour une autre guerre ». L’histoire du guerrier solitaire et de la femme qui est l’avenir de l’homme, comme dit le poète. C’est énorme, ridicule ? Sans doute. Fajardie est le dernier à assumer sincèrement toute cette mythologie de l’écrivain-justicier inspiré. Aussi inactuel qu’un don Quichotte animé par les valeurs des romans de chevalerie dans l’Espagne du siècle d’or, il continue à vouloir faire vivre aujourd’hui des valeurs comme la justice et l’amour.
Il y a sans doute quelque chose de ringard dans ce combat mais Fajardie en assume, et c’est une forme de courage, l’inactualité contre l’époque.
On peut aussi signaler la réédition d’un roman de 1986, Des lendemains enchanteurs (Babel), chronique sociale dont l’action est située dans l’immédiate après-guerre dans le Nord. Et celle de Au-dessus de l’arc-en-ciel( La Table Ronde, coll. La Petite Vermillon), paru initialement en 1984. Comme quoi : inactuel, Fajardie ne cesse d’être d’actualité.
Égérie légère
Frédéric H. Fajardie
La Table ronde
168 pages,120 FF
Domaine français Fajardie de la Mancha
mars 1997 | Le Matricule des Anges n°19
| par
Christophe David
Un livre
Fajardie de la Mancha
Par
Christophe David
Le Matricule des Anges n°19
, mars 1997.