Entre 1880 et 1920, la drogue est un sujet en vogue, tout comme l’usage du haschich, de l’opium ou de l’éther était immodéré. On sait ce que la littérature doit aux paradis artificiels mais on oublie que la colonisation a favorisé l’importation de nouvelles substances. Embarqué en 1866 pour l’Indochine, le fonctionnaire colonial et disciple de Mallarmé Jules Boissière (1863-1897) s’adonne comme ses collègues à l’opium. Ses Propos d’un intoxiqué (1890) sont le journal d’un fumeur tourmenté par « les sensations perfides et douces », le bonheur d’être pris et l’envie de décrocher. Moins exotique, l’usage que fait Laurent Tailhade (1854-1919) de la morphine répond au besoin d’effacer les douleurs physiques. Mutilé lors de l’attentat Foyot, l’anarchiste admet dans un texte de 1914 que réédite le même éditeur, La Noire Idole : « la détente fut absolue (…) Je serais mort si cela avait duré. » et il ajoute « Pour qui a connu la morphine, il n’est pas d’autre hard labour. »
Paris-Zanzibar
116, rue de Charenton 75012 Paris
95 pages et 40 FF chacun
Histoire littéraire Propos d’un intoxiqué
mars 1997 | Le Matricule des Anges n°19
| par
Éric Dussert
Un livre
Propos d’un intoxiqué
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°19
, mars 1997.