La biographie d’Henri de Toulouse-Lautrec, sous la plume de l’Américaine Julia Frey, ressemble plus à un feuilleton familial qu’à une réflexion sur l’art du peintre.Doté, dès sa naissance d’une mère envahissante, d’un père fantasque et d’une santé précaire qui le rendra le plus laid des hommes, Henri de Toulouse-Lautrec suscite curiosité ou compassion.Voici un vicomte bien né, qui finira dans l’alcoolisme le plus violent, après avoir été le héraut des prostituées et des danseuses de cabaret.Haut en couleur le nabot, traîne derrière lui une réputation sulfureuse et un brin typique d’une image de Montmartre.La qualité de cette biographie repose sur l’exhumation d’une importante correspondance avec la mère adorée et abhorrée. Si Julia Frey ne nous donne que quelques extraits, en suivant une chronologie logique, cela suffit à nous faire découvrir un être d’une profonde sensibilité, qu’un moindre choc peut condamner à garder la chambre.Malade de ses os, le jeune Henri collectionne les fractures.Le garçon fait front avec un courage et un humour désarmants. Son écriture, d’une fantaisie jubilatoire séduit dans sa volonté perpétuelle de rassurer son monde.Mais les choses se détériorent lorsque le peintre s’engage sur la voie d’une modernité jugée décadente par sa famille.Les ponts seront coupés, le divorce avec sa mère plusieurs fois consommé. Julia Frey excelle à rendre l’atmosphère des relations entre la mère et le fils.Quitte à délaisser un peu le peintre. La vie d’un artiste se résumerait-elle aux méandres de sa psychologie ?
Toulouse-Lautrec
l’homme qui aimait les femmes
Julia Frey
Traduit de l’américain
par Régina Langer
Michalon
334 pages, 149 FF
Arts et lettres Lautrec, haut en couleurs
mars 1997 | Le Matricule des Anges n°19
| par
Thierry Guichard
Un livre
Lautrec, haut en couleurs
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°19
, mars 1997.