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Poésie Quand le silence est au verbe

juillet 1997 | Le Matricule des Anges n°20 | par Claude Louis-Combet

Vision dans le silence

Le spectacle de la poésie n’est pas aussi affligeant qu’on pouvait le croire -qu’on avait même envie de le croire, face au champ de fleurs artificielles des haïku de langue française. Claude Margat qui porte l’Orient et son Tao non comme un continent d’exotisme convenu mais comme son propre cœur conquis par abandon et dès lors sans emprise sur les choses hors des mots, nous réconcilie, nous autres lecteurs plus passifs que rhétoriciens, avec la pensée de la plénitude et avec la forme du sens. On savait par la lecture de ses romans l’attention appuyée qu’il portait à l’expérience sensible, à la charge de corps dans l’espace des mots. Mais de multiples indices donnaient à penser qu’il s’infligeait, à de tels moments d’écriture, la traversée d’un désert intérieur, narratif, descriptif, objectif. Et l’on se demandait, et peut-être se demandait-il lui-même, jusqu’à quelle limite de la prose il accepterait l’épreuve qu’il traversait. la sagesse n’est pas donnée au bout d’une page, au bout d’un livre.
Il faut se représenter cet homme, dans son application au texte, comme le fameux Janus à double face. Pendant que l’une se livrait à des opérations de diversion, sur le terrain du récit, l’autre se recueillait en elle-même, à l’écoute du silence entre les mots, et en attente de ce qui assure le lien entre la pensée et la chair, entre la perception du monde et le jaillissement des éléments. Et aujourd’hui, cette face que l’on croyait aveugle et sourde, c’est elle qui nous regarde et c’est elle qui nous apprend à entendre. De là, cette voix que nous ne connaissions pas encore mais que nous reconnaissons cependant car le secret qu’elle énonce, en ces mots simples et transparents, appartenait justement à notre secret.
L’essence poétique de la prose nous est rendue sensible au long des séquences d’un texte voué à la célébration de quelques présences et puissances cosmiques - des noms, au sens où l’entendait l’âme primitive, qui cèlent et recèlent aussi bien des expériences concrètes et des émotions que des intuitions métaphysiques : la lune, le temps, le corps, la lumière, l’air, le vent, la plume (d’oiseau), l’arbre, l’eau… Ces hautes entités habitables qui ont constamment peuplé la poésie de l’Orient et qui ont fleuri dans la philosophie ionienne, nous les retrouvons ici dans l’expression d’un langage neuf et personnel, qui n’archaïse jamais, encore qu’il respire la Tradition, tout entière, dont il procède : sans doute s’ouvrant à lui-même, s’enfonçant en sa plus vivante intimité, se recueillant en ses sources, le cœur s’est-il initié au Silence. Comme on pouvait l’attendre de Claude Margat, cette immersion dans un certain registre de spiritualité et de sagesse n’est pas œuvre d’abstraction pure : la part contemplative des sens participe à ces noces de silence et de parole, sous le signe du regard ouvert au-dedans. Vision dans le silence, ce titre n’est pas un programme. Il n’enseigne pas une doctrine. Il témoigne pour la relation essentielle de l’homme et du verbe, du corps et du monde.

Vision dans le silence
Claude Margat
Éditions Unes
82 pages, 87 FF

Quand le silence est au verbe Par Claude Louis-Combet
Le Matricule des Anges n°20 , juillet 1997.
LMDA PDF n°20
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