C’est probablement le plus original premier roman de cette rentrée. Christophe Derouet ne se contente pas de détourner deux genres d’un coup : le journal intime et le polar ; il le fait avec l’assurance d’une langue souvent somptueuse et l’intelligence coquine d’un fin lettré. Le héros de ce journal, émarge à la rubrique tueur d’une improbable chambre du commerce. Il est souvent lui-même traqué par d’autres assassins. Mais cet aristocrate, amoureux de poésie portugaise ou de romantisme anglais, de classiques latins ou grecs, de cinéma et de musique pop vit sa vie de proie comme il vit sa vie de prédateur : avec détachement. Voyageur par obligation, il arpente les capitales européennes, s’installe aux terrasses de cafés chargés d’histoire littéraire, mange dans de bonnes pensions et rencontre les femmes que le commun des mortels désespère de ne jamais seulement croiser. Son errance européenne est notre bonheur de lecture et comme son Mauser est silencieux, il peut tuer, cela ne nous gêne en rien.
Journal d’un tueur vénitien Christophe Derouet
Hors Commerce118 pages, 65 FF
Premiers romans Journal d’un tueur vénitien
novembre 1997 | Le Matricule des Anges n°21
| par
Thierry Guichard
Un livre
Journal d’un tueur vénitien
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°21
, novembre 1997.