Poète cheyenne du Sud né en 1944, Lance Henson a grandi dans l’Oklahoma, a combattu au Vietnam puis s’est consacré à l’écriture tout en se déplaçant dans le monde entier pour parler de son peuple asservi. C’est l’ensemble de ce parcours et de cette création que nous retrouvons dans ce livre passionnant, qui propose des traductions du cheyenne et de l’américain de ce poète ainsi qu’une préface instructive, un entretien et un texte reprenant une conférence de Henson rapportés par Manuel Van Thienen.
On est ému devant l’humanité et la justesse qui se dégagent des propos de cet homme plein d’humour. La création artistique choisie par Henson semble dès lors un moyen effectif pour dire l’asservissement d’un peuple, mais plus encore, dire par son savoir sa liberté devant celle d’un homme occidental, américain ou européen, dans lequel nous pouvons nous reconnaître.
La poésie d’Henson varie selon la langue utilisée. Un lieu y révèle toujours l’éternité et la valeur d’une tradition et d’un culte : « le vent de la prairie/ laisse ton chant de minuit/ me trouver parmi/ ceux bénis// la flûte d’os/ son de l’humanité/ me montre comme je dois/ mieux connaître ma/ mère la terre// son de mon père/je/ prie/ donne la paix à tous les/ cheyennes ».
Aux poèmes américains extraits du recueil Une soudaine solitude répondent ceux, également chargés de l’énergie et de la culture cheyenne, des Chants des êtres humains : « je suis là/ où le tourbillon regarde », autant dire brefs et concis, flèches dont nous pouvons épouser la trajectoire. Le texte rapporté d’une rencontre en public avec Lance Henson est bouleversant. Refusant de reconnaître le gouvernement américain, Henson parle au nom de ses semblables cheyennes et de toutes les tribus asservies.
Un livre précieux comme peut l’être toute fraternité partagée.
Une soudaine solitude
Lance Henson
Traduit de l’américain
par Manuel Van Thienen
Paroles d’Aube
116 pages, 85 FF
Poésie Une amitié cheyenne
septembre 1998 | Le Matricule des Anges n°24
| par
Marc Blanchet
Un livre
Une amitié cheyenne
Par
Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°24
, septembre 1998.