J’ai écarté les cuisses pour contempler la vulve mince comme une cicatrice (…) Cette petite fille en vaut la peine. C’est vraiment une très belle morte." Paru en 1972, ce beau roman sous forme de journal raconte l’amour tragique qu’un esthète porte aux cadavres, hommes, femmes ou enfants, beaux ou laids. Roman terrible en cela qu’il parvient à dépeindre, non pas des actes scabreux et provocateurs, mais un sentiment humain, une réelle affection portée à la mort, à son odeur. Le narrateur situe l’origine de sa passion morbide au jour du décès de sa mère lors d’une scène paroxystique qui bouleversa ses sens. La clandestinité, les ruses et les risques pris pour arriver à ses fins, la fuite suicidaire qui le pousse à poursuivre toujours l’enlèvement des cadavres et leur consommation rythment ce journal fascinant. Gabrielle Wittkop élabore tout un art de l’amour fait à un cadavre, avec un éventail d’odeurs et de réactions organiques liées au temps qui décompose les corps. On en sort d’autant plus atteints que Le Nécrophile reste un roman sentimental.
La Musardine
157 pages, 35 FF
Poches Le Nécrophile
septembre 1998 | Le Matricule des Anges n°24
| par
Thierry Guichard
Un livre
Le Nécrophile
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°24
, septembre 1998.