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Poésie Zrika, le vertige de soi

septembre 1998 | Le Matricule des Anges n°24 | par Marc Blanchet

Abdallah Zrika écrit le vertige. Vertige d’être, de sentir, de voir, de toucher, de penser, de vivre. Il s’y abandonne tellement qu’il finit par savoir une chose : que le vertige est proche de la folie. Il le sait en écrivant, comme cela lui est confirmé par la marche, l’imagination ou l’amour. Il se sait avant tout périssable dans ce vertige. Et il n’ignore pas non plus qu’au terme du poème, il est fort possible que le vertige se soit écrit à travers lui, que tout homme soit l’écriture d’un vertige. Dès lors, ce poète marocain né en 1953 nous rend à notre véritable humanité, toute en doutes, failles, cris, caresses et chants. Si la parution des premiers écrits d’Abdallah Zrika en France (Rires de l’arbre à palabre, L’Harmattan 1982, déjà traduit par Abdellatif Laâbi) nous faisait connaître un auteur né dans un bidonville de Casablanca puis emprisonné à cause de sa poésie en 1978, Bougies noires est une confirmation mais aussi le dépassement du chant de la révolte. Enclos en lui-même dans ses perceptions et ses pensées, Zrika l’est justement parce qu’il tente de rejoindre cette possible chaleur qu’il y a en l’homme : « Je me suis éloigné de moi-même/ pour me voir/ jouir de moi-même.// Mes paroles se sont éloignées de ma bouche/ pour se multiplier/ comme bon leur semble. » Insaisissable, la poésie de Zrika l’est en permanence, sans concession, crue et noble à la fois, violente, folle, sauvage. Tribale. Elle a un centre : le corps d’un homme auquel elle semble ne pas croire. Elle met en scène ce qui pourrait sembler une paranoïa grandiose si l’amour présent entre les lignes ne la démentait pas, comme Homo satanas qui commence ainsi : « J’ai peur de la table/ car ceux qui se réunissent autour d’elle/ pour manger/ se réunissent autour d’elle/ pour tuer ». Cette écriture haletante chante les épreuves du corps et de la pourriture et nous permet de découvrir un des plus grands poètes arabes d’aujourd’hui.

Bougies noires
Abdallah Zrika

Traduit de l’arabe
par Abdellatif Laâbi
La Différence
202 pages, 120 FF

Zrika, le vertige de soi Par Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°24 , septembre 1998.