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Domaine français Un mot qui ne passe pas

janvier 1999 | Le Matricule des Anges n°25 | par Christophe Fourvel

De l’entêtement d’un mot à son effacement dans l’esprit de l’auteur : un voyage en compagnie des limbes, là où vont ceux qui n’ont pas vécu.

Un monde se tient silencieux derrière une fenêtre fermée ; dans la persistance d’un regard, dans un mot absent. Il fait des tiraillements dans l’esprit du passant. Il dépose un signe de la main. Pas grand-chose, pas plus que « quelques pattes d’oiseaux dans les vitres gelées » aurait dit Cadou. De cette attention à cette griffure sur le cours du temps, J.-B. Pontalis extrait parfois des livres précieux ; qui recèlent le poids juste de ce qu’ils nomment.
L’Enfant des limbes n’est d’abord presque qu’un titre, la présence du mot limbes dans l’esprit de l’auteur, de sa définition incertaine. « Je crois savoir qu’on désigne par là le lieu qui accueille les enfants morts avant d’avoir été baptisés ». Nous sommes à mi-chemin entre le clair et le sombre, parmi l’inachevé, là où le soleil n’a posé qu’un rayon fragile, un voile de chaleur pour à peine un murmure de vie.
Le livre est constitué de courts chapitres souvent clos par une citation et qui sont comme les paysages de ce même éclairement. Il s’attarde sur les abords de la mort, sur la parole des analysants, de ceux qui, mal nommés, ne sont sans doute pas ce qu’ils croient être ; il se tourne vers l’enfance, la vieillesse, les deux bouts de la vie.
Les limbes qui occupent ainsi l’esprit de l’auteur, ne focalisent pas toute attention ; le mot dispense ses lueurs sur d’autres rives, vers ce qui attendait dans un semi-oubli : l’atmosphère de villes traversées ; des notes sur des bouts de papier, le (l’auto ?) portrait d’un homme conçu à partir de ce qu’il aime et de ce qu’il n’aime pas : tableau contrasté disposé parmi la brume des limbes. L’auteur chausse et enlève ainsi ses lunettes, habitant tour à tour le monde flou et ses détails.
J.-B. Pontalis, connu par ailleurs pour ses ouvrages de psychanalyse, dirige les collections L’un et L’autre et Connaissance de l’inconscient aux éditions Gallimard. Son précédent roman, qui vient de paraître dans la collection Folio, naît d’une même persistance de quelque chose d’ignoré, d’encore opaque. Au début de Un homme disparaît, le narrateur est interpellé par la présence d’un inconnu, croisé plusieurs fois sur un trottoir, dans un café et qui un jour s’éloigne avec « un singulier sourire ». Il disparaît sans disparaître, laissant celui qui l’a regardé partir avec ce besoin « de donner des contours à une ombre portée », des mots à une histoire en souffrance. Celle-ci au chapitre suivant, commencera cinquante années auparavant, au bord de la guerre.
Les deux ouvrages avancent ainsi, par ses petites chutes qui bousculent les horizons. Mais ce qui nous atteint n’est pas tant une manière, mais la certitude que le regard qui les a conduits à devenir est demeuré à hauteur d’hommes. Les mots sont habillés sans ostracisme ni pudeur, du doute, de l’émotion, du plaisir qui les a accompagnés. Il y a dans cette traversée beaucoup de « je ne sais pas » ; le regret de ne pas avoir su retenir une personne, un dimanche morne, des questions relevées et qui laissent derrière elles la part juste de l’ombre. Il y a la quête d’un savoir fragile, qui trouve dans le jeu sous la fenêtre d’un groupe d’enfants, la force d’un répit.

J.-B. Pontalis
L’Enfant des limbes

Gallimard
170 pages, 80 FF
Un homme disparaît
Folio
140 pages, 20 FF

Un mot qui ne passe pas Par Christophe Fourvel
Le Matricule des Anges n°25 , janvier 1999.
LMDA PDF n°25
4,00