Seizième siècle, l’assassin Agrippa de Coscas tue un être étrange dont il sort un fœtus d’ange. Cette preuve du divin, scellée dans une ampoule de verre, traversera les siècles.
Milo est employé de la « Providence Générale des Poètes », sorte de société protectrice des versificateurs. Il sait que « Derrière la façade d’un univers affairé, brouillon, brutal, en perpétuelle autodévoration, c’est-à-dire tout à fait plausible, se jouait encore autre chose » et découvre l’histoire de la relique au fil de ses lectures. Isacaron, « diable sédentaire », devra surveiller de près le curieux. Pour se rapprocher de Milo, il confie à Kevin Langlois, jeune « grouillot » de la Providence, une crécelle qui permet de fléchir la volonté de tous. Kevin utilise l’instrument pour satisfaire ses pulsions.
Les épisodes ne manquent pas dans ce roman touffu. Châteaureynaud y déploie une belle maîtrise de la forme, sans innovation ni révolution de langue, mais avec un regard tendre et sombre sur le réel. Le Démon à la crécelle reprend le mythe faustien et se donne comme une réflexion sur le bien et le mal.
La sexualité parcourt le texte entier et le lecteur est projeté dans un fantastique assez radical, comme si le recours à la fantasmagorie était devenu inéluctable. Car Kevin viole grâce à la crécelle et Milo est aux prises avec une Lilith provocante. Que dire des deux papys pervers qui hantent les sous-sols de la Providence ? Tous les personnages se réfugient dans le fantasme car ils sont à l’étroit dans leur peau.
Si l’éditeur présente le texte comme un roman historique, cette dimension est sans doute la plus convenue du récit. Avec Le Démon à la crécelle, les personnages de Châteaureynaud semblent plutôt avoir franchi un palier supplémentaire pour quitter la réalité.
Le Démon à la crécelle
Georges-Olivier Châteaureynaud
Grasset
408 pages, 138 FF
Domaine français Ange ou démon
août 1999 | Le Matricule des Anges n°27
| par
Benoît Broyart
Un livre
Ange ou démon
Par
Benoît Broyart
Le Matricule des Anges n°27
, août 1999.