Exilé à Kyoto, l’homme qui mène ce récit est souvent immobile, dans la position du guetteur, aveuglé d’images. On ne sait quel deuil il porte, mais il pratique le culte des morts, la nuit tombée. De sa chambre d’hôtel avec vue sur le cimetière, son être semble coupé du réel, puisant jusqu’au vertige dans d’improbables évocations de proches aimés sa douloureuse appartenance au monde. « Je ne parviendrai jamais à vaincre cette peur de la mort qui m’étouffe chaque fois que je tente de me ré-approprier le temps qui passe. » Réflexion sur la perception, le corps et le temps, ce récit étrange et désincarné, porté par une « triste sensation d’anéantissement », fait l’effet paradoxalement d’un venimeux analgésique. Sociologue, l’auteur a déjà publié de nombreux essais et deux romans.
La Lettre volée
(20, bd Barthélemy,
B-1000 Bruxelles)
122 pages, 100 FF
Domaine français Aligato
août 1999 | Le Matricule des Anges n°27
| par
Philippe Savary
Un livre
Aligato
Par
Philippe Savary
Le Matricule des Anges n°27
, août 1999.