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Poésie Refus accepté

août 1999 | Le Matricule des Anges n°27 | par Marc Blanchet

Figure du refus, deuxième recueil de Cédric Demangeot, confirme l’originalité d’une langue entre chaos et affirmation de soi.

Figures du refus

Illustration(s) de Richard Baudoin
Editions Fata Morgana

Publié l’an dernier, le premier recueil du jeune poète Cédric Demangeot (Désert natal, chez le même éditeur) nous avait convaincus tant l’auteur avait su assimiler les influences propres aux premières publications, et, surtout, était déjà « à la tête » d’une langue forte et personnelle. Figures du refus (on admirera ce titre presque en miroir) confirme l’apparition d’un univers poétique singulier.
On pourrait citer les auteurs aînés dont Demangeot est proche, non pour se livrer à quelque classification critique, mais pour dire qu’une poésie digne de ce nom est toujours en héritage de recherches, d’expérimentations préalables. Difficile de ne pas imaginer Cédric Demangeot lecteur, entre autres, de Char, Dupin, Bonnefoy, Du Bouchet ou de l’Espagnol Angel José Valente. Comme chez ce dernier, son écriture fait le pari d’un lyrisme écorché par le doute, et constate ce gouffre que sont les mots.
L’aube du monde n’y est pas seulement un souvenir, mais souffle encore au poème la rupture originelle : « Beau pays dévasté/ d’avant la profération./ La neige l’obstrue./ Pitance/ pour commencer. » Extrait de la suite Beau Pays, ce court poème montre bien comment l’écriture poétique est pour Demangeot la quête de fragments échoués ici-bas. Ces restes d’un monde déchu connaissent dans des poèmes brefs, comme avortés, des reflets égaux. Tout y est luisant, éclatant, furtif. Les illustrations du peintre Richard Texier qui émaillent ce livre soulignent elles aussi cet écorchement à la langue. Ils semblent des cartes déchirées, des mystères incomplets.
Et pourtant, tel que Pound le préconisait, Demangeot rassemble les membres dispersés. Le titre du recueil témoigne de cette ambiguïté : quelles sont ces figures du refus ? Les poèmes ? Les traces recueillies avant de devenir la matière de l’écriture ? Le regard du poète sur le monde, une posture idéale ? L’œuvre reste ouverte, appelant le lecteur à la création d’un sens, ou peut-être mieux : lui donnant, par la virulence des vers, le sens de la création. Car ce refus est salutaire tant il irradie, prend les couleurs aveuglantes du midi nietzschéen -l’heure où les ombres sont les plus courtes : « Il faut passer la nuque pour voir.// Je sens dans mon sexe/ les villes qui brûlent en chaîne/ et les siècles d’hommes tueurs d’hommes.// J’avance, non éclaireur en bouche/ avalant des morceaux de montagne.// Si je parviens à me lécher le dos/ c’est l’issue des théâtres/ en plein monde. »
Cette poésie a ces moments d’extase tant il faut répondre à l’infirmité actuelle du monde. La vision n’est pas une notion risible : elle confirme le don créateur de l’homme, elle enseigne dans sa découverte une fraternité qui n’est pas vaine. De nombreux poèmes font preuve d’une grandeur récusant un lyrisme trop explicite mais qui dans leur forme saccadée sont d’un souffle rare. Certaines publications récentes en revues semblent indiquer que même ce lyrisme subtil, Demangeot veut lui imposer une certaine déroute. Espérons que ce refus d’un confort dans l’écriture continuera à nous rendre cet auteur précieux, car, comme il est écrit à la suite du poème précédemment cité, à propos des terres rassemblées : « Mais la somme des mondes s’annule/ si l’un d’entre eux ne manque/ à mon appel. »

Figures du refus
Cédric Demangeot

Fata Morgana
non paginé, 48 FF

Refus accepté Par Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°27 , août 1999.
LMDA PDF n°27
4,00