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Histoire littéraire Le printemps d’un insolent

août 1999 | Le Matricule des Anges n°27 | par Éric Dussert

En novembre 1924, Jean-Jacques Brousson a eu son heure de gloire en publiant un insolent portrait d’Anatole France en pantoufles. Les cendres du génie étaient encore chaudes, le livre fit un couac dans le concert des pleureuses. Ce fut par conséquent un succès qui contribua à renforcer la réputation de cet iconoclaste chroniqueur des Nouvelles littéraires. Né en 1878 à Nîmes, le petit Provençal était devenu le secrétaire d’A. France dès son arrivée à Paris en 1902. Leur relation dura peu – il est remercié en 1909 –, assez néanmoins pour placer définitivement l’existence de Brousson qui meurt en 1958 à l’ombre de ce père spirituel honni. La réédition de trois récits autobiographiques présentée par Frédéric Gaussen apporte un éclairage intéressant sur cet orphelin dont la solitude n’a pas eu de rémission.
Sous ses airs de premier communiant, Brousson n’est pas un ange. Esprit alerte, langue acérée, il suscite en 1911 ce portrait à Apollinaire : « un jeune homme joli, mince et brun avec des yeux ardents. Critique passionné ». CQFD. Son style aussi est singulier. Il a des détours… « un peu baroques » souligne F. Gaussen. Sa langue est belle. Elle a même de l’accent quand il chante les rares pays heureux de son enfance, Uzès et Sommières « la terre du lait », patrie de sa nourrice.
Lorsqu’il mord en revanche, gare. Les vêpres de l’avenue Hoche portent la marque de ses crocs. Publié en 1932, ce texte témoigne des mœurs littéraires du début du siècle. Bien sûr, c’est le salon de Mme Caillavet, la « protectrice » d’Anatole France, qui est pris pour cible. Brousson que l’on croit volontiers décrit sans bonté cette femme spéculatrice qui fait régner l’ordre parmi les disciples du maître. C’est une maîtresse abusive qui entoure France d’un rituel pompeux et fort ennuyeux. « Tout cela est mort ! écrit Brousson à propos de l’œuvre de France. Tout cela est tombé comme les branches pourries à l’épreuve du temps ! Vouloir défendre cela, c’est se donner le ridicule de coudre les feuilles aux arbres quand vient l’automne. Les feuilles mortes s’en vont, et d’autres repoussent. » Maintenant que la feuille Brousson repousse, il faut en apprécier les beautés. Ses nervosités et ses bordures chantournées font espérer une compilation de ses écrits critiques. C’est improbable. On peut rêver.

Les Dames de Sauve
Jean-Jacques Brousson

Les Éditions du Cardinal
(62, rue de la Jonquière, 75017 Paris)
128 pages, 60 FF

Le printemps d’un insolent Par Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°27 , août 1999.
LMDA PDF n°27
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