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Poésie Apaisante intranquilllité

octobre 1999 | Le Matricule des Anges n°28 | par Pierre Hild

Tendresse et chaos : Kenneth Rexroth, grand animateur du San Francisco légendaire, nous revient pour un apprentissage vagabond de l’éveil.

Les Constellations d’hiver

Il est des compagnies qui même lacunaires, émiettées dans le temps, comme volées à celui-ci, lui résistent jusqu’à creuser le sillon d’une entente bien intime : au détour d’une page, un compagnon.
Désormais, Kenneth Rexroth (1905-1982) est de ceux-là -ceux qui résistent, aussi. Le travail que nous devons à l’inlassable et discret Joël Cornuault, nous permet aujourd’hui de mieux le saisir : poète, chroniqueur, professeur, vagabond, jazzophile, « abolitionniste-populiste-socialiste », spécialiste de l’Asie traditionnelle, pêcheur méditatif, on en passe, forcément.
Ces derniers jours, une mince plaquette, bilingue, nous parvient : vingt courts poèmes écrits de 1937 à 1965. Ses expériences formelles proches du cubisme, l’époque objectiviste, sont passées, comme indécelables ici. 1937-1965, l’animateur de la San Francisco Renaissance, celui qu’on a voulu ancêtre de la beat generation, où est-il dans ces poèmes de l’humble, de la confession, fût-elle parfois vindicative, au cœur des grands espaces ? Ici, point de piédestal. Une voix.
Une poésie concrète qui va chercher les signes lumineux dans l’apparent insignifiant, n’hésitant pas à retourner ses « matériaux triviaux ». Ainsi de l’évocation de Noël ou de l’autoportrait des « avantages de l’érudition » : « tout seul, mal vêtu, quelle importance ? à minuit, je mets à chauffer un bol de vin blanc à la cardamone… ».Une poésie sensuelle relevant comme en hypnose les corps aimés ou fantasmés. « Une fille nue fait son apparition dans ma cabane, les pieds blancs, les hanches qui chaloupent, le sexe parfumé. » Une poésie de la connivence qui prend le tour d’adresses -à elles, à toi…-, connivence des corps encore et des idées libres (le Requiem pour les morts d’Espagne ou le seul long poème du 22 août 1939 ralliant Sacco et Vanzetti, Makhno et Kropotkine).Une poésie de la simplicité, sans emphase déplacée, visant souvent le trait juste de la concision, le (la ?) geste juste aux influences orientales : « dans le monde d’en bas, le soleil nage entre les poissons nommés oui et non » ou encore, près de Basho cité dans le texte « sur la table, il y a une peau de serpent, desséché, une pierre brute ».
Il est aisé de couvrir les voix qui refusent les tintamarres du clinquant ou de l’obscur ; un œil trop rapide et peu disposé pourrait y voir de petits pieds lyriques, du haïku-cucul (irritant chant d’oiseau). Gageons que, malgré la vitesse de l’époque, on peut avec bonheur garder un temps pour celui qui avait œil pour Pound et Supervielle.
Un œil et une oreille. Maintenant que sa voix nous touche, il nous manque sa voix. « La poésie n’est pas faite pour l’imprimerie… Je préfèrerais réciter mes poèmes avec orchestres de jazz dans n’importe quel cabaret que de les voir paraître dans le plus prestigieux des trimestriels » disait-il. C’est encore une des parts mystérieuses de son œuvre : les combinaisons sonores de sa poésie et du jazz qu’il aimait tant rendre vivantes, lui-même, sur scène. Allez, monsieur Cornuault, encore un effort, proposez-nous bientôt un document sonore. Ce soir-là, à la maison, il y aura vin blanc et cardamone.

Les Constellations d’hiver
Kenneth Rexroth

Traduit de l’américain
par Joël Cornuault
édition bilingue
Librairie La Brèche
(7, rue Mourier 24100 Bergerac)
45 pages, 62 FF

Apaisante intranquilllité Par Pierre Hild
Le Matricule des Anges n°28 , octobre 1999.
LMDA PDF n°28
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