Tout l’intérêt de ce premier roman traduit en français, réside dans son intrigue. Avant que ne commence le récit présenté sous forme de journal, le dictateur d’un pays d’Amérique latine, Tomás Dosantos est la victime d’un attentat. Des chirurgiens procèdent secrètement à une greffe et donnent au corps du dictateur le cerveau d’Oscar Nilo, un écrivain opposant au régime qui s’est suicidé le jour même. Le journal est donc celui que tient l’écrivain, homme double embarrassé de se retrouver dictateur. Pour corser le tout, Oscar Nilo était lui-même un homme schizophrène : homosexuel, il cachait ses penchants pour n’être pas vilipendé dans ce pays ultra catholique. La situation ainsi traitée promettait beaucoup. Décrire le régime à partir d’un opposant contraint de représenter l’oppression, interroger l’identité (est-ce le cerveau qui la génère, ou le corps ? Est-ce la pensée ou la fonction ?), tout cela offrait d’étourdissantes perspectives. Hélas, très vite l’auteur préfère l’évocation d’un amour terriblement convenu (le dictateur retrouve le jeune serveur que l’écrivain aimait). Ç’aurait pu faire un grand livre, ça n’en sera que le fantôme.
Nykta
Traduit de l’espagnol
par Guy Geoffroy
199 pages, 85 FF
Domaine étranger Les deux Morts d’un tyran
janvier 2000 | Le Matricule des Anges n°29
| par
Thierry Guichard
Un livre
Les deux Morts d’un tyran
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°29
, janvier 2000.