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Arts et lettres Brut de pensée

janvier 2000 | Le Matricule des Anges n°29 | par Catherine Dupérou

L' Art contemporain, et après...

Ceux qui auront eu la chance de voir, l’année dernière à Paris (Halle Saint-Pierre), l’exposition sur l’Art Outsider et le Folk Art, sauront reconnaître dans ces pages son instigateur. Laurent Danchin, professeur en ZEP à Nanterre, critique d’art et représentant français de la revue Raw Vision a écrit plusieurs ouvrages sur les artistes dits de l’art brut, dont l’autobiographie enregistrée de Chomo et un Jean Dubuffet, peintre-philosophe en 1988. En cinq entretiens, parus précédemment dans différents ouvrages et revus pour la présente édition, ce passionné d’art hors-normes nous donne à relire l’histoire de l’art contemporain en y réhabilitant ces artistes inclassables qui créent dans les marges de la société.
Dans le premier entretien, Laurent Danchin s’attache à montrer que le mot « contemporain » est en France usurpé, détourné, et ne qualifie en effet qu’une part infime de la création vivante de cette fin de XXe siècle. Ce que les critiques et médias nomment « art contemporain » n’est en fait que la part officielle et institutionnalisée de l’art, avec ses auteurs et mouvements reconnus et promus par le ministère de la Culture, les FRAC et autres galeries « d’artistes homologués ». Dénués d’indépendance critique, ils ne sont dès lors que les porte-parole des institutions, et oubliant leur vocation première, passent sous silence la diversité de la création réelle. Au-delà de tout débat pour ou contre l’art contemporain, la question à poser serait celle du rôle de l’État dans l’art, cet acte individuel et singulier, dégagé de toute c(s)ensure.
Face à cette exclusion, qui rétrécit le champ artistique aux seuls élus du réseau d’Etat, résistent des circuits parallèles dont l’existence n’est pas légitimée mais qui, tel celui de Laurent Danchin, (qui découvre et défend depuis vingt-cinq ans des artistes autodidactes et marginaux) trouvent écho auprès du public, de plus en plus fasciné par ces images fortes, ces « visions crues » qui naissent de l’angoisse commune à tous d’être au monde, d’un besoin vital de s’exprimer.
C’est Jean Dubuffet, artiste fondateur et fondamental de l’art contemporain, grand oublié de la critique française, qui inventa la notion d’« art brut », pour qualifier cette cuvée créatrice d’exception dont l’ancien marchand de vin fit une collection unique, réunissant 15000 œuvres des classiques de l’art brut, visibles aujourd’hui à Lausanne. S’il est vrai que les premières recherches du peintre se firent dans les hôpitaux suisses, où il rencontra Aloïse et Wölfi, l’art brut ne peut se réduire à l’« art des fous » catégorie d’emblée refusée par Dubuffet : « il n’y a pas plus d’art des fous que d’art des dyspeptiques ou des malades du genou ». Sa collection recèle aussi des œuvres d’autodidactes, d’originaux inclassables et de prisonniers, considérés tous comme artistes à part entière. Laurent Danchin donne de l’art brut une définition sensible, qui devrait pouvoir s’appliquer à tout acte créateur sincère : « L’art brut, s’il existe, ce sont les mécanismes de la création montrés à l’état pur, le cri primal d’une civilisation stérilisée par son excès même de perfection. Ce sont les nœuds de résistance d’un tissu social en cours de normalisation, la protestation à demi autiste, sauvage d’individus irréductibles, réfractaires, dissidents ». Et suscite l’envie d’aller voir de toujours plus près les œuvres de ces ouvriers de l’art vivant.

L’Art contemporain, et après…
Laurent Danchin
Phénix éditions
140 pages, 100 FF

Brut de pensée Par Catherine Dupérou
Le Matricule des Anges n°29 , janvier 2000.