Pour Spaik, vivre à Libidissi n’est pas une mince affaire : c’est un étranger qui cumule les fonctions d’espion et de noctambule. Libidissi est pourtant la ville rêvée pour son activité. Il est facile de s’y faire oublier. Spaik se fond dans un univers malsain, qui laisse entrevoir une fausse liberté. Les hommes s’affichent en couple sans crainte des on-dit, mais ne se rendent pas compte qu’ils sont tout bonnement ignorés. Le système nie tout ce qui signe un individu : son nom, ses origines et même la langue qu’il utilise. Tout le monde parle « cette forme d’anglais qui sert de langue de communication dans la ville et où la pauvreté des désinences de l’idiome anglo-saxon a été poussée à l’extrême ». Les habitants vivent passivement leur participation à cette dictature qui ne dit pas son nom. Libidissi fait partie de ces récits kafkaïens où l’auteur martèle à coups de transpositions une idée forte. Le lecteur se retrouve enfermé dans une suite de prédicats logiques qui conditionnent toute la narration. Il ne lui reste plus qu’à jouer le jeu.
Denoël
Traduit de l’allemand
par Philippe Giraudon
253 pages, 130 FF
Domaine étranger Libidissi
juillet 2000 | Le Matricule des Anges n°31
| par
Franck Mannoni
Un livre
Libidissi
Par
Franck Mannoni
Le Matricule des Anges n°31
, juillet 2000.