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Histoire littéraire D’un insoumis

janvier 2001 | Le Matricule des Anges n°33 | par Éric Dussert

Mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde

Grand parmi les grands, le poète Ilarie Voronca est né en 1903 à Braïla. Il débute avec ses compatriotes Victor Brauner et Brancusi dans les rangs de l’avant-garde roumaine. Il est encore apparenté à Dada lorsqu’il s’installe à Paris dans les années 1930 où l’attirent les fastes du surréalisme. Plus tard, on reliera ses poèmes lyriques et humanistes aux œuvres de Walt Whitman ou de Milosz. La comparaison souligne mal sa puissante originalité.
Son suicide en avril 1946 survint trop tôt. Sans des convaincus comme Denys-Paul Bouloc, Guy Chambelland, Jean Le Mauve et Christine Brisset, on ne lirait plus des chef-d’œuvres tels que ceux imprimés par les deux derniers. Le catalogue de L’Arbre comptait déjà une prose splendide issu des Onze Récits (1968) : Quarante à cinquante personnes. Il s’enrichira sous peu d’un couple de nouvelles, Arbre 1942 et Un peu d’ordre, puis d’une reprise de L’Apprenti fantôme (1938). Voici déjà une double sélection tirée du recueil Beauté de ce monde (1940) : Mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde et La Chambre, un merveilleux chant d’amour dû à L’Impatiente.
Beauté de ce monde est un retour sur les terres du poète aussi engagé – il est proche du PC – que dégagé des veuleries de l’idéologie. Voronca écrit pour l’Homme, sans soumission. « Vous avez bien fait les choses. Vous avez allumé/ D’énormes lampadaires dans les salles de fêtes,/ Vous avez su choisir les musiciens, les danseuses,/ Vos cuisiniers n’ont oublié aucun délice, Mais nous ne devons rien à personne. Nous pouvons partir. » Son chant où perce un soupçon d’amertume relève d’une immense dignité. L’aigreur de son constat en est dissoute. Témoin le vers inaugural éclatant d’Ulysse dans la cité (Le Temps des cerises, 30 FF) : « Je te dédie un hymne siècle de la médiocrité ». Sa confiance en l’humanité a certes des limites mais aux moments les plus délicats d’un poème, Voronca le stimulant reste nimbé de toutes les grâces de la poésie. Il est sobre, imagé, nourrissant. Voronca se tient solidement. Il est temps de lire Voronca.

Ilarie Voronca
La Chambre
et
Mais rien n’obscurcira
la beauté de ce monde

L’Impatiente et L’Arbre
19 et 31 pages, 75 et 60 FF

D’un insoumis Par Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°33 , janvier 2001.