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Théâtre Mouton noir

avril 2001 | Le Matricule des Anges n°34 | par Thierry Guichard

Le Pire du troupeau

À seulement lire la deuxième pièce de Christophe Honoré (dont le titre est tiré d’un vers de Du Bellay), on se retrouve sur le carreau, le souffle court. Lessivé. Passé à la machine. Cruellement écorché. Dans la lignée de La Douceur (L’Olivier, 1999), son précédent roman, et dans celle aussi de Tout contre Léo (L’École des Loisirs, 1996), Christophe Honoré met en scène une mère, un père et trois frères dont le deuxième est mort et enterré… dans le jardin. Un ami très intime du défunt et une vache complètent la distribution. Écrite en trois parties, la pièce s’offre avec évidence et suscite le questionnement.
L’évidence, elle est dans la tension et la cruauté (c’est donc aussi de l’amour) qui règnent dans cette famille. Le questionnement, il naît par exemple dans le fait que les didascalies se conjuguent au passé dans le premier acte, au présent dans le deuxième et au futur dans le dernier. Il est vrai que la pièce parle aussi du temps qui passe ou qui s’est figé. Anton, le benjamin, va piéger toute la famille dans une sorte de jeu de la vérité révisité par Fassbinder et Fellini : grotesque mise en scène du grostesque de ses proches. Une histoire se fait jour, un événement du passé qui s’est refermé sur chacun comme une porte de prison intérieure. La double théâtralité nous place dans les limbes pulsionnelles qui précèdent le réveil, dans un entre deux mondes où l’inconscient parvient à se glisser. Le père et l’aîné (20 ans et on l’appelle « Chinochéri ») passent leur temps à se battre dans le jardin sur la tombe du frère disparu. Comme si le combat était la seule forme de tendresse acceptable. La mère veut encore que son mari ou son fils ou quelqu’un la prenne dans ses bras. Et Anton dit : « c’est à dix ans qu’il faut se tuer, après c’est trop tard. » La langue file vite vers une crudité qui vise à réveiller les consciences et fait un violent contraste avec la libre fantaisie de la pièce : une vache qui parle, une météo de film d’horreur. Et au cœur de cela, dans le staccato des dialogues, Christophe Honoré parvient à faire rire. Sans pitié.

Le Pire du troupeau
Christophe Honoré
L’Olivier - 75 pages, 59 FF

Mouton noir Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°34 , avril 2001.
LMDA PDF n°34
4,00