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Domaine étranger Exils intérieurs

août 2001 | Le Matricule des Anges n°35 | par Anne Riera

Très affectueusement

Un amour fait de rien

Deux romans de Barbara Honigmann, ex-Allemande de l’Est et juive, pour dire les désirs avortés d’une génération et une indéchiffrable identité.
Lire aujourd’hui Barbara Honigmann, à trente ans, c’est un peu comme fouiller clandestinement dans la correspondance de sa mère. On y découvre des secrets qui ne nous regardent pas, des images en super-8, de vieux Polaroïds saturés. Quelque chose qui, pourtant, nous concerne déjà, un monde en mutation, le nôtre, en train de naître. Barbara Honigmann est née en RDA. Elle remonte aux sources de son oeuvre, les années soixante-dix. Elle livre sa réalité sans fard, dépouillée des oripeaux d’un folklorique revival. Avec Très affectueusement, récompensé l’an dernier par le prestigieux prix Kleist, elle fait acte. Sans nostalgie ni colère, elle dit une génération en souffrance, enterrée vivante.
Le roman, on l’appellera ainsi par commodité, adopte la forme épistolaire. Anna -ou devrait-on dire Barbara Honigmann- et ses amis sont comédiens, régisseurs ou metteurs en scène dans de petits théâtres de province. Ils s’écrivent, se donnent rendez-vous à Berlin, s’aiment, se trompent, se trahissent parfois, révèlent au fil de leur correspondance de mornes plaines désenchantées, les stigmates d’un pays raciste, pétrifié, obsolète, anachronique. Ils ont entre vingt et trente ans et, en ce mitan des années soixante-dix, rêvent de faire exploser les codes culturels de la RDA. Ils se livrent à des expériences formelles rarement abouties, jouent Lorca dans des salles à manger, affrontent la censure et un immobilisme terrifié. Ils rêvent de liberté, ils veulent jouir, créer, vivent exilés dans leur propre pays. Ils piétinent et tergiversent au seuil de l’âge adulte, luttent contre leur « engourdissement », leur propre stérilité. « Nous avons recommencé à gémir et à nous lamenter d’être si ramollis et si paralysés, de ne vivre éternellement qu’en imagination, de n’avoir que des dépravations médiocres, futiles et éphémères et de nous consumer sans cesse de nostalgie et de désir. Dehors, c’est l’odieuse société des « adultes », que nous méprisons, dont nous sommes détachés et à laquelle, pourtant, nous avons si peu à nous opposer, bien que nous revendiquions sans cesse notre rôle d’artiste, puisque nous sommes les seuls à le faire. Et quand, pour une fois, nous ne nous considérons pas comme des génies, nous nous méprisons, en pensant que nous sommes des ratés, des dilettantes, des originaux et des marginaux. Alors nous nous sommes dit qu’il fallait en finir. » Certains renonceront, d’autres choisiront le suicide. Barbara Honigmann, elle, en 1984, a choisi l’exil.
Barbara Honigmann vit aujourd’hui à Strasbourg. Elle a abandonné le théâtre pour le roman. Dans Un amour fait de rien, qui paraît simultanément, elle raconte son arrivée en France, la déchirure, le vide. Depuis cette autre rive du Rhin, elle essaie de comprendre son pays, l’Allemagne, et un père, juif, qui a choisi en 1945 de revenir « chercher le bonheur dans un tas de débris ». La réflexion, amorcée déjà dans Très affectueusement, se cristallise autour de ce personnage fantomatique, cet homme abandonné derrière elle. Elle remonte le cours de la mémoire paternelle, cherche en vain les traces d’une famille dont il ne reste plus aucune empreinte. En RDA, elle se cherchait « une nouvelle patrie », aujourd’hui, elle s’interroge. « Où a-t-on le droit de vivre ? »
Barbara Honigmann est vouée à l’exil. Un exil perpétuel et intérieur.

Barbara Honigmann
TrÈs affectueusement
224 pages, 110 FF (16,77 o)
Un amour fait de rien
104 pages, 85 FF (12,96 o)
Traduits de l’allemand
par Christian Richard
Liana Levi

Exils intérieurs Par Anne Riera
Le Matricule des Anges n°35 , août 2001.
LMDA PDF n°35
4,00