Ne cherchez pas Théophile de Giraud dans le Bottin, c’est un pseudonyme sous lequel se cache un « égaré de la livrure » belge qui a l’honneur d’entrer de son vivant dans le « Blavier » avec De l’impertinence de procréer. Il n’en est pas peu fier d’ailleurs. Au premier coup d’oeil, on comprend pourquoi le spécialiste des fous littéraires a saisi l’opportunité d’augmenter le corpus de ses protégés. Le livre de Giraud, un gros opus bien dense sous couverture typographique en couleur, ne cache pas une seconde son caractère secoué. Outre qu’il est nourri d’expérimentations langagières qui soutiennent une thèse socio-philosophique dont le résumé peut être « Tout homme non-né détient le droit de ne pas naître », la maquette folâtre suffit à dénoncer l’original, sinon le forcené. Une forêt luxuriante de vignettes, de cul-de-lampes et d’illustrations diverses joue dans une combinaison étourdissante avec une pléthore de polices de caractères les plus variées.
De l’aveu même du scripteur-illustrateur, son livre est un « ouvrage-galaxie ». On ne le cachera pas, sa lecture intégrale est difficile. On la dit aussi psychologiquement éprouvante mais l’auteur certifie que le romancier Franz Bartelt s’est prêté goulûment à l’expérience sans qu’apparaisse jusqu’à présent chez lui de pathologie spécifique. Il sera de toute manière aisé d’en examiner les effets secondaires sur ses prochaines créations. À moins que la thèse de Théophile de Giraud ne castre le créateur comme le reproducteur.
DE L’IMPERTINENCE DE PROCRÉER
THÉOPHILE DE GIRAUD
Pas & Pennekin Diffusion
(119, rue de Fierlant 1190 Bruxelles)
430 pages, 160 FF (24,39 o)
Histoire littéraire Un graphomane d’aujourd’hui
août 2001 | Le Matricule des Anges n°35
| par
Éric Dussert
Un graphomane d’aujourd’hui
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°35
, août 2001.