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Domaine étranger Au-delà de la peau

décembre 2001 | Le Matricule des Anges n°37 | par Dominique Aussenac

À travers une histoire d’amour entre deux hommes, pudique, exaltée, érotique, le Finlandais Pentti Holappa libère un magistral et merveilleux ange de la liberté.

Portrait d’un ami

Deux hommes s’aiment. Amitié, amour, sexe ? Les trois, bien sûr, sans complaisance, ni voyeurisme. Deux hommes s’aiment et cet amour traverse leur vie. Un « moi-narrateur » conduit le récit. Un moi « privilégié mais mélancolique », un moi humble d’écrivain, toujours en retrait, qui par pudeurs excessives n’en finit pas de noyer le poisson, de noyer son je. En fait, un moi qui se construit et se déconstruit au contact d’Asser Vaho, artiste peintre fulgurant, génial et libre. En Finlande, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ces deux jeunes adultes se rencontrent. Le « moi-narrateur » poète, étudiant, privé de tout, tente de poursuivre ses études. Tandis qu’Asser vient d’être capturé par une riche actrice qui l’entretient, la première d’une longue liste de mécènes qui accompagneront son éblouissante et controversée carrière. « Les gens riches et cultivés savent chasser. Naturellement, il faut une compétence particulière pour ne pas tuer mais capturer un bel animal sauvage sans lui faire de mal, pour son zoo personnel. » Vivant leur art, dans des environnements différents, les deux hommes vivront une passion faite de tendresse, de cruauté et de vertiges intellectuels.
Pentti Holappa, né en 1927 dans le nord de la Finlande, tour à tour coursier, journaliste, éditorialiste, antiquaire et même ministre, a publié une quinzaine de recueils de poèmes, six romans et quelques essais. Traducteur de Baudelaire, Reverdy, Le Clézio, son principal atout est certainement d’être autodidacte, ce qui lui permet d’aborder le monde sans formatage particulier, avec une candeur et une humilité (souvent fausses ou feintes), une puissance et une ambition démesurée, tout en se présentant comme victime d’une timidité maladive (une timidité de pauvre).
La technique utilisée dans Portrait d’un ami, il la nomme « sabotage délibéré de la réalité ». Pour ce, l’auteur hache son récit de digressions, dans lesquelles, il prend le lecteur à témoin, le fait douter de tout, enchaîne atermoiements pathétiques et incessants allers-retours entre les époques, l’amène par cercles excentriques au plus près de la palpitation, de l’émoi. La lecture n’en souffre pas, le lecteur lui n’en finit pas de tituber, perdant le sens du réel mais surtout de sa propre identité, à l’instar des doutes de l’auteur. Quant à l’amour qui est énoncé dans cet ouvrage, il atteint en degré de spiritualité une hauteur comparable à celui que chantaient les troubadours. La sexualité est décrite avec une extrême finesse, un érotisme d’une intensité rare. Le corps semble lavé, mis à nu par l’écriture avec la maestria d’un peintre de la Renaissance (Vinci, Michel-Ange), surlignant le bleu des veines, les taches sous la peau, allant au-delà, effleurant les connexions nerveuses, cernant les lobes particuliers du cerveau jusqu’aux centres d’émotions mystérieuses.
Pentti Holappa ne chante pas la fusion des corps et des esprits, mais l’amour transcendant la petitesse de nos existences, le terrible grotesque des chapes de plomb morales. L’amour qui libère les êtres. Avec naturel, grandeur d’âme, sans véhémence militante : « J’étais donc son ami et lui le mien parce qu’il était lui et moi, moi. »

Portrait d’un ami
Pentti Holappa
Traduit du finnois
par Léa de Chalvron et
Gabriel Rebourcet
Riveneuve
398 pages, 21,20 (139 FF)

Au-delà de la peau Par Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°37 , décembre 2001.
LMDA PDF n°37
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