Le système social de ce pays de trous du cul était un véritable merdier.« Le neveu de la veuve Ravaska ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit de vanter les mérites de son pays, la Finlande. Dans un roman enlevé, qui commence comme une comédie du terroir -la campagne, une métairie, un petit village-, Arto Paasilinna décrit les rapports houleux qui unissent le dénommé Kauko Nyyssönen et sa bonne vieille tante. Le jeune Kauko, voyou de bas étage, brigand de grands chemins, s’évertue à extorquer la pension de sa parente, non sans oublier de saccager sa maisonnette et de la menacer de mort lors de ses visites mensuelles. Il faut le dire clairement, Linnea Ravaska en a plus qu’assez… De là à imaginer un meurtre ? Arto Paasilinna aime à le penser. Il crée un personnage de mamie apparemment inoffensive mais qui, aidée par les coups du sort, se montre d’une redoutable efficacité. Résistant à ses maux de tête, ses douleurs aux jambes et ses palpitations, Linnea devient une Agatha Christie qui passe à l’acte. À la croisée des genres, l’auteur invite à une grande virée burlesque, parsemée de considérations sur la vie des Finnois et l’histoire du pays. Passent alors les souvenirs de guerre de Linnea et de son colonel de mari aujourd’hui décédé, la vie à Helsinki dans un quartier bourgeois, l’inefficacité d’une police qui passe facilement sur les frasques des criminels considérés comme de simples fêtards.
L’écrivain a réussi à doser ses ambiances entre la vivacité de l’action et l’apparente placidité de la veuve qui, de mamie gâteau opprimée devient une belle empoisonneuse, à la fois attrayante par son statut de victime et par le suspense qu’elle fait naître. La morale de l’histoire ? Comme le lui fait dire son créateur : »Garde-moi, mon dieu, des jours de paie".
La Douce Empoisonneuse
Arto Paasilinna
Traduit du finnois
par Anne Colin du Terrail
Denoël
240 pages, 19,82 € (130 FF)
Domaine étranger La veuve magique
décembre 2001 | Le Matricule des Anges n°37
| par
Franck Mannoni
Un livre
La veuve magique
Par
Franck Mannoni
Le Matricule des Anges n°37
, décembre 2001.