Un livre

Les Caves de la Goutte d’or

de Gérard Streiff

Editions Baleine

Pigiste dans une revue d’histoire, la jeune Chloé enquête sur le massacre des Algériens à Paris en octobre 1961. Elle, par ailleurs thésarde (donc « sympa »), habite avec un chat noir (Arsène), deux cousins (Laurent et Pilou) « squattent » son appartement, un confident « quinqua » l’aide dans ses recherches, sans oublier son voisin « gay, tendance tourmentée, surnommé ’’Branchado’’ ». Ils ne sont pas de trop, car le « devoir de mémoire » en dérange certains : « Plusieurs fois, elle s’était entendu conseiller, sur un ton paternaliste, de ne pas réveiller ’’ces vieilles histoires’’. Peu à peu, elle se sentit même harcelée, le mot n’était pas trop fort. Elle avait reçu un coup de fil bizarre. Une voix, calme et anonyme, lui avait simplement dit : ’’C’est pas une bonne idée, ton dossier. Laisse tomber, fillette…’’ ». Chloé ne plie pas, mais s’interroge (« la plèbe est-elle humaine pour le bourgeois ? », par exemple).Faut-il accabler Gérard Streiff, ou lui faire crédit de ses bonnes intentions ? C’est une si juste cause, de dire au plus grand nombre comment la manifestation du 17 octobre fut matée ! Qu’importe alors si l’on dialogue ici comme dans les films d’Yves Boisset ; qu’importe si la narration emprunte aux meilleurs moments de la Bibliothèque rose… Mais l’indulgence est coupable, qui revient à distinguer écriture et principes. Les moyens « jugent leur fin » et « l’instrumentation est une affaire de morale », comme aimait à dire le sagace Manchette, qui fustigeait il y a vingt ans l’incapacité professionnelle de ses collègues. De Pouy en Poulpe, cette incapacité a fait école, jusqu’à la neuve série « Polarchive », dont la règle laisse rêveur : glisser dans le récit des citations "en pe

Les Caves de la Goutte d’or
Gérard Streiff
Baleine (Polarchive)
188 pages, 6,40 € (41,98 FF)