Travioles N°6

Superbe revue d’art, de littérature et de philosophie, Travioles, sous son grand format d’album, se présente, derrière un dispositif classique, comme une sorte de collage collectif sur lequel interviendraient librement les collaborateurs. Si l’on imagine, dans l’ombre, un chef d’orchestre -Antoine Gallien-, quelques habitués des colonnes de la revue agissent à découvert, qu’ils soient collaborateurs fidèles -Dominique Noguez, Valérie Rouzeau…- ou membres du comité éditorial -Valérie Grall, Christian Jambet, Pierre Dumayet, Sacha Ketoff, Louis Pons. La dernière livraison s’ouvre et se clôt par quelques petits gribouillages de Valérie Mréjen, légers, enjoués, pleins de laisser-aller, comme le dialogue de charretier qu’échangent un oeuf et une poule -qui pourrait être sa mère, non mais ! Une manière, peut-être, de mettre des parenthèses préventives pour déjouer le délicat « ton compassé » qu’interroge plus loin Jean Rouaud dans un petit texte manifeste assumant sa « langue de vieux », puisque « l’écriture a tout son temps ». Une manière de mieux ancrer, aussi, une suite de fantaisies, une fatrasie, qui n’exclut ni le précédent, ni la réflexion philosophique de Christian Jambet autour du mal, du crime terroriste, qui peut se « réclamer de la guerre juste » mais n’est que la « grimace de ce qu’il croit réaliser ». Pas de chapelle, ici, mais une revue-étape, un relais, de guingois, qui fait s’interroger, se répondre, textes et illustrations. Des dessins de Michel Nedjar en regard des poèmes drus de Valérie Rouzeau errant de la « solitude à toujours où monte le vieux désir » au « sentiment à pleines mains directement d’amour ». Des photos du désert de Florence Dugowson po
Travioles No6
146 pages, 17 €
(9, rue Lesage 75020 Paris)