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Domaine français Destins sous ciel bas

septembre 2002 | Le Matricule des Anges n°40 | par Franck Mannoni

Pour son premier roman, Gérard Doulsan a choisi les hortillons pour décor, ces marais du nord de la France aménagés en cultures maraîchères. C’est là que vivote le clan familial dont il décrit la lente descente aux enfers : aucun de ses membres n’est en effet armé pour affronter l’Histoire. Léontine, pour commencer, brimée dès son enfance par une mère « qu’elle s’est réjouie de voir claquer en juin 40 » et un père qui « passait des heures aux Marins à lamper des galopins » ; Louis ensuite, son mari, un « marle vicieux » et violent ; Eliane, la belle-fille « une poule caienne brune, dictant sa loi au gros coq alenti qu’elle a choisi pour mâle » ; Mario, enfin, le fils, bâtard de la famille, adopté sur le tard. Le jeune homme, un cultivateur dilettante, ne laisse guère d’illusions sur son avenir. Velléitaire, c’est encore le mot qui le décrit le mieux : « Tous ces branleurs d’hortillons, ça finit par se crever à la blanche ». Tour à tour couvreur, agent d’assurances aux « Impondérables du Mans », puis alcoolique et vagabond, ce Mario-là porte sur ses épaules toute la lourdeur du climat local et tout le fatalisme qui l’accompagne. L’auteur a fabriqué un terreau naturaliste très XIXe siècle en le transposant au milieu du XXe. En partant de cette famille en déchéance, il en profite pour décrire les comportements et les lâchetés des uns et des autres pendant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que l’apparition de la société de consommation et la naissance de l’ambition personnelle. Après les années de vaches maigres, aucun des personnages ne veut renoncer aux biens durement acquis pendant la reconstruction, sans parler des multiples avantages du confort moderne : « Qui donc, pense Eliane, pourrait lui reprocher de se rêver à la tête d’une armée d’objets ? »
La famille de Léontine, qui veut se tailler une part du gâteau sans en avoir les moyens, paie le prix fort sans jamais parvenir à son but. L’Histoire avance, les hortillons demeurent, Mario continue de « respirer dans un univers pourri, saturé d’inquiétudes et de mensonges », pétri de rancœur contre la société qui ne veut décidément pas se plier à ses désirs de vie facile.

Les Hortillons
Gérard Doulsan
Le Rocher
140 pages, 13

Destins sous ciel bas Par Franck Mannoni
Le Matricule des Anges n°40 , septembre 2002.