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Égarés, oubliés André Armandy, aventurier tout terrain

septembre 2002 | Le Matricule des Anges n°40 | par Alfred Eibel

Il s’est distingué dans le roman d’aventure, d’espionnage, policier, fantastique, le livre de voyage et de chasse au gibier migrateur. De par l’étendue des territoires visités, André Armandy (1882-1958) mérite d’être réédité.

Comme Pierre Benoit et Maurice Dekobra, André Armandy, de son vrai nom André Albert d’Aguilard, s’adressait à un large public. Son œuvre multiforme comprend bon nombre de réussites. Encore faut-il pour l’apprécier être sensible à la qualité du style, aimer les métaphores et admettre qu’une forme d’écriture dite « traditionnelle » possède un charme qui serait l’équivalent du monde joyeux, insouciant, dépensier que l’on voit dans certains films des années 1930.
Né à Paris en 1882, Armandy, fils d’officier colonial a suivi une formation d’ingénieur. Blessé durant la guerre de 1914 qu’il effectue dans les chasseurs à pied, contraint au repos, il débute à quarante ans une carrière de romancier. Ses articles publiés dans la Revue de Paris lui valent l’attention des lettrés. Lauréat de l’Académie française avec Les Réprouvés (1920), le succès est au rendez-vous et ne le quittera plus. Grand voyageur, il parcourt l’Afghanistan, l’Afrique du Nord, l’Angola, l’Australie, le Cameroun, l’Égypte, l’Éthiopie. En plus de son œuvre de romancier, il collabore aux grands quotidiens de son époque et la Revue des Deux-Mondes, les Annales, la Revue de France. Les intrigues de ses romans peuvent faire sourire aujourd’hui, ils n’en possèdent pas moins, ces romans, un mystère qu’il faut lever, un héros prêt à se sacrifier pour conquérir sa belle, un méchant qui met les bâtons dans les roues. L’attirance d’Armandy pour le mélodrame ne doit pas faire oublier que, de la même façon que le cinéaste Douglas Sirk, il sait transcender le mélodrame par la qualité de son écriture, de ses dialogues, par la puissance de ses images.
Comme Pierre Benoit, Jean et Jérôme Tharaud ou Claude Farrère, il n’échappe pas au travers de l’époque, véhiculant des clichés, évoquant « cette terre d’Afrique si justement dénommée « l’Autre France » » ou parlant de « l’œuvre de nos colons et la prospérité de nos possessions d’outre-mer ». Une fois franchi cet aspect des choses, on découvre chez Armandy des points communs avec Sir Ridder Haggard, l’auteur des Mines du roi Salomon et de She -plagié par Pierre Benoit lorsqu’il écrit L’Atlantide. Il suffit de lire Rapa-Nui (1923) qui présente un vieux savant entouré de quatre malheureux débarquant sur l’île de Pâques pour y découvrir une fortune colossale. À l’exemple de tout bon romancier d’aventure, Armandy joue sur les mystères non élucidés des contrées lointaines. Sa démarche : laisser planer le mystère pour mieux faire rêver ses lecteurs. On retrouve sa manière dans Dalila (1932) où un haut commissaire anglais auprès du gouvernement égyptien découvre au Soudan un gisement de naphte. C’est l’occasion pour Armandy de greffer sur l’expédition une histoire d’amour entre un Français et la princesse Dalila, de souligner la rivalité entre la France et l’Angleterre puisque le Français en question fera tout ce qui est en son pouvoir pour conserver à son pays le gisement. Le thème se retrouve dans En rupture de ban. Cette fois, il s’agit de l’Australie et d’uranium. Et dans La Cité profonde d’un gisement d’or du Rand. Dans une veine différente se situe La Quatrième Corde. Armandy imagine un événement qui ruinerait la France en créant un personnage de la finance internationale décidé à annihiler les réserves d’or de la Banque de France. Comment fabriquer de futurs chômeurs est le thème de La Dernière Plongée. Passionné de yachting, Armandy nous entraîne avec La Dernière Manche dans le monde de la compétition à voile. Autre thème cher à Armandy, la chasse. Amateurs de palombes et de bécasses se donnent rendez-vous dans Le Cribleur d’océan. Avec Quartier des légations, il décrit un pays imaginaire d’Afrique convoité par les grandes puissances qui veulent se partager le gâteau. Ils décernent le titre d’empereur à un petit potentat local. L’action de Paradis de Satan se déroule à l’île de Sao-Tomé. Un ingénieur agronome est chargé de conduire à la ruine l’héritière d’une vaste plantation de cacoyers. La Toison d’or suit le débarquement des Alliés en Afrique. Armandy se penche sur de petits groupes d’hommes aux prises aux éléments hostiles comme on en rencontre dans les romans de Frédéric Prokosch et plus particulièrement dans Le Naufrage du Cassandre.
Prophétique, Armandy l’est à plus d’un titre. Il anticipe le fameux Triangle des Bermudes avec L’Île de Corail en présentant l’énigme posée par la disparition de cinq grands voiliers dans les mers du Sud. Auteur de nombreux textes fantastiques, il nous fait faire connaissance d’hommes-larves aux ongles démesurés, aux pieds et mains fouisseurs dans Le Démon bleu (1925). Dans son Panorama de la littérature fantastique, Jean-Baptiste Baronian le cite d’ailleurs parmi les auteurs notables aux côtés de Théo Varlet (cf. MdA N°15 et 19). Il ajoute : « Jamais sans doute le roman d’imagination pure n’aura connu plus de vogue que durant les trente premières années du XXe siècle. Et jamais non plus il aura recueilli un tel triomphe. » Les tirages d’Armandy s’envolent, il est traduit en polonais, italien, anglais, espagnol. Son succès tient à quelques notions simples : honneur, dignité, confiance en soi, repentir, amour passion. Il met en scène des explorateurs, des agents secrets, des pilleurs d’épaves et de nombreux officiers de marine. Le bonheur de l’écriture est au rendez-vous comme le prouve l’extrait suivant tiré du Yacht Callirhoe (1924), roman dans lequel il décrit la pinasse, embarcation à fond plat : « Qui me dira le lien qui rattache, dans le cours des siècles passés, la forme si spéciale de cette embarcation à la fois légère, douce et résistante à la mer, particulière au seul bassin d’Arcachon, au type de celles qui sont la poésie des lagunes vénitiennes ? »
Celui qu’on avait surnommé « l’écrivain des aventures cosmopolites » à cause de ses ténébreux milliardaires, de ses femmes fatales, s’était posé des questions essentielles sur l’indépendance de l’Algérie, l’épuisement des ressources pétrolières, etc. De par la variété des sujets abordés, l’étendue des territoires visités, André Armandy mérite d’être réédité. Il est mort en janvier 1958.

André Armandy, aventurier tout terrain Par Alfred Eibel
Le Matricule des Anges n°40 , septembre 2002.
LMDA PDF n°40
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