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Poésie Vivent les collec’

mars 2003 | Le Matricule des Anges n°43 | par Thierry Guichard

En collectionnant poèmes et comptines en deux albums très colorés, Rue du Monde exprime toute la variété de l’univers. Et les différences font les similitudes.

Ohé ! Les comptines du monde entier !

Le mois de mars, on le sait, est le temps des giboulées. Le printemps se fait annoncer par des trombes d’eau. C’est aussi, en France depuis peu, le temps des poètes convoqués pour une piètre et éphémère célébration de la poésie, exotisme saisonnier d’une société qui préfère les chiffres du CAC 40 aux vers. C’est une drôle d’idée alors qu’ont eue les éditions Rue du monde et Jean-Marie Henry avec Il pleut des poèmes. Mais idée malicieuse, il faut en convenir. L’idée est simple : sur un paysage (que Zaü colore de vifs traits de peinture), la pluie se met à tomber:ce sont des poèmes courts, d’un à quatre vers, imprimés en oblique. La première goutte emblématique du projet est signée Jean-Pierre Siméon :« Le poème est une goutte d’eau,/ il donne au désert l’idée de la fleur. » On peut s’y arrêter un moment. Puisque nous allons lire des poèmes (non des extraits), ces deux vers inscrivent l’album dans le désir de donner aux plus jeunes (ces déserts pour la poésie) l’envie de faire naître à leur tour une autre image du monde (la fleur). Le côté ludique du livre réside alors dans la chronologie de cette pluie qui va grossir jusqu’à envahir la double page centrale de vingt-quatre poèmes serrés les uns contre les autres. Puis, la pluie passant, sous l’arc-en-ciel l’intempérie va décroître. Les doubles pages, de plus, s’organisent autour de thèmes ou motifs, faisant résonner d’un poème l’autre les sens cachés. Le danger d’une telle collection (près de deux cents poèmes) c’est qu’on n’échappe pas toujours aux épigones prévertiens de l’émerveillement enfantin un peu niais, qui se réjouissent de belles images qui souvent sont des clichés. Mais, on trouve ici une majorité de vraies fenêtres, qui ouvrent donc réellement sur une perception libérée du monde. Citons Malcom de Chazal : « Midi/ Mit/ L’ombre/ au lit », André Hardellet « Fourmis. Sable noir d’un sablier horizontal » ou le désopilant proverbe de Pascal Commère : « Qui confond son chien et sa vache n’est plus bon pour la chasse ». Pour accompagner cette ondée, les couleurs de Zaü rehaussées de grands traits noirs, jouent de la malice et de l’humilité (et non humidité) : c’est la pluie qui importe et non la terre sur quoi elle tombe.
Depuis 1997, Rue du monde et son directeur Alain Serres, montrent une réelle passion pour les collections et autres anthologies. Comme un arpenteur affamé d’images, de mots et de langues étrangères, Alain Serres fait des albums comme on faisait des herbiers. Avec la complicité d’Albena Ivanovitch-Lair, il propose une anthologie de comptines où chacune est présentée en version bilingue : français et langue du pays d’origine. La comptine est un genre plus précis qu’il n’y paraît et l’on constate, à la lecture de l’album, combien son écriture, ses rythmes sont, partout dans le monde, liés à un rôle précis. De Bulgarie, de Suisse ou de Thaïlande nous viennent des comptines pour congédier la peur ; la nuit s’habille de la lumière des lucioles au Japon comme chez les Indiens Chippewas, le derrière des enfants amuse en Espagne, en Argentine et au Laos, la misère s’apprivoise avec humour au Congo, en Roumanie ou au Sri Lanka.
Au-delà de l’émerveillement des traductions, l’enfant et l’adulte comprendront vite que dans tous les pays du monde, c’est le même amour qui a conduit à l’écriture de ces comptines et on sort de cette lecture conforté dans l’idée que, l’autre, partout, est notre semblable. Les linogravures d’Andrée Prigent coquines parfois, laissent transparaître cette humanité tendre en jouant de la répétition ou de la ritournelle propre au genre.

Il pleut des poÈmes
Jean-Marie Henry/Zaü
Ohé ! Les comptines
du monde entier

Albena Ivanovitch-Lair
Andrée Prigent
Rue du Monde
64 et 48 pages, 14,50 et 13

Vivent les collec’ Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°43 , mars 2003.
LMDA papier n°43
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