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Domaine français Un bourreau ordinaire

mars 2003 | Le Matricule des Anges n°43 | par Gilles Magniont

Claro, traducteur du beau monde (de Pynchon à Rushdie), asseoit une fiction racoleuse sur la chaise électrique. Toujours les mêmes bribes de sociologie ressassées.

Chair électrique

Trois canevas sont mêlés. Il y a d’abord la conception de la chaise électrique, à la fin du XIXe, au cœur de la douce Amérique ; plus près de nous, c’est un bourreau pennsylvanien, Howard Hordinary, qui se retrouve sujet à la dépression depuis que le Système s’avise de piquer les condamnés ; et de nouveau en arrière, revoilà les tours d’Harry Houdini, dont la figure est reproduite en tête de quelques chapitres, le célèbre illusionniste partageant avec « la Chaise » le cerveau désœuvré d’Howard. Le dispositif paraît donc assez sophistiqué : pourquoi pas ? Sans doute est-ce qu’il faut échapper à une dénonciation par trop convenue. Les premières pages, qui dévalent un alerte historique de l’exécution capitale, peuvent séduire : les « pendaisons, souvent et parce que bâclées, se mettent à dégager par voie de presse et d’attorney un relent médiéval qui aussitôt parfume l’idée ridicule de ridicule progrès ». Appelons cela le style 3 en 1, ou comment, à force d’ellipses, fondre plusieurs propositions en une seule et unique. Épatant pour lancer un récit, le procédé peut lasser, d’autant qu’il apparaît assez vite que ces figures tarabiscotées ne mènent nulle part, sinon à l’imaginaire du bourreau, dont le morne et empathique approfondissement porte au cœur. Oui les décharges peuvent provoquer des érections, oui vous aurez droit aussi aux matières fécales, bien sûr il sera question des « diodes vulvées de la Dynamort »
Certes, l’auteur s’autorise parfois quelque distance avec sa créature, et se livre alors à de plus classiques explorations de sa psyché : si Howard débloque, c’est peut-être qu’au sortir de l’adolescence il fut soumis « aux fluctuations du marché sexuel ». « À force de consommer des agrégats de marques et de postures publicitaires, (il) perdit le contrôle de ses émotions » : curieux comme les romans du jour ressassent les mêmes bribes de sociologie…
Chair électrique mérite pourtant un détour, pour peu, justement, que le lecteur soit curieux de certaines tendances. Une part de la production des éditions Verticales semble s’orienter vers des proses fin-de-siècle : une écriture toute d’ostentation qui accompagne à merveille les pulsions de mort et les viols ludiques. Cette écriture peut encore être compliquée par le traitement de texte ; on sait que Mark Z. Danielewski, dans La Maison des Feuilles (dont Claro a assuré il y a peu la traduction), en a fait un usage effréné, et remarqué : or les logiciels viennent ici rehausser de nombreuses pages, au travers de diverses figurations (Houdini est « l’homme dé-cou-pé ») ou de l’ajout de caractères spéciaux (disponibles dans le menu Insertion). L’ordinateur n’inspire-t-il pas jusqu’aux descriptions ? Une femme se « copie/colle » dans le salon, le ciel est « bleu microsoft » -sans doute y a-t-il là-dessous une réflexion sur le virtuel, ou sur l’aliénation, ce qui, assurément, serait cerise sur le gâteau.

Chair électrique
Claro
Verticales
158 pages, 16

Un bourreau ordinaire Par Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°43 , mars 2003.
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